Je photographiais trois familles d'un village qui comptait une dizaine de maisons et des lupins par milliers. Je n'en avais jamais vu autant. On eût dit qu'ici, quand il pleuvait, c'étaient des graines de lupin. Dans la dernière maison, l'homme portait le haut de sous-vêtements militaires. Par instants il souriait, mais son sourire à lui était indéchiffrable. Des sous-vêtements comme ça j'en avais vu sur les cadavres. Sa femme nous donna du pain qu'elle venait de cuire. L'homme et ses enfants nous raccompagnèrent à la voiture. O'Leary roula sur des centaines de lupins. Les enfants essayaient d'attraper les graines qui éclataient et s'envolaient de leurs coquilles.