Hugo Drelon

Il avait lu dans un livre qu'auparavant, il existait différents types de whisky selon le lieu dans lequel il avait été produit. Mais l'Alien Nation, et son gommage constant des frontières pour fédérer tous les citoyens derrière un même état avait rendu obsolète ces particularités régionales.
Elles subsistaient encore à échelle réduite, notamment chez le vin dont le goût changeait selon la variété de raisin utilisé ou le climat dans lequel il avait été cultivé. On pouvait donc trouver du vin blanc du Sud Ouest, du vin rouge du Centre ou du vin rosé des Îles.
Mais pour le whisky, si les particularités gustatives existaient encore – car les méthodes de fabrication, elles, n’étaient pas parfaitement harmonisées –, il n'en était pas fait état sur les bouteilles. Elles portaient simplement le nom de la distillerie, ce qui aurait pu être un gage de qualité si l’Etat n’avait pas imposé des exigences strictes sur la production d’alcool.

Pourtant, il restait intimement persuadé qu’il existait des choses auxquelles on ne s'habituait jamais tout à fait, quelle que soit la fréquence à laquelle on y était confronté, quelle que soit la banalité de cet événement.

Piers regrettait parfois que le nom de ces distilleries n’évoque plus rien. Il se demandait si l’origine d’un whisky et ce qu’elle représentait n’avait pas, il y a longtemps, fait partie de charme de la dégustation.