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3.63/5 (sur 4 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Hugues Blineau est né en 1973. Il est diplômé de l’école supérieure des Beaux-Arts de Nantes et professeur agrégé d’arts plastiques. Il enseigne actuellement à l'Université Paris 1 - Panthéon Sorbonne et prépare une Thèse de Doctorat sur la représentation de la Catastrophe dans l'art contemporain.

Passionné par le rock, il publie depuis 2013 des critiques musicales pour le site POPnews. Son premier roman, "Le jour où les Beatles se sont séparés", est publié en 2020 aux éditions Médiapop, quelques semaines avant le cinquantenaire de l'événement. Un récit polyphonique, où l'on retrouve les 4 Beatles ainsi que des fans et des anonymes, dans le même cadre temporel : celui de la journée du 10 avril 1970, de l'aube jusqu'à la fin de la nuit suivante.

Ecrit pendant le premier confinement, animé par un sentiment d'urgence, "Vies et morts de John Lennon", est la deuxième pièce d'une tétralogie autour de quelques-uns des grands mythes du rock. Un cycle, et autant de constructions narratives différentes, dans lequel un même personnage revient de livre en livre, de son adolescence jusqu'à ses derniers moments de vie.

Hugues Blineau vit et travaille à Nantes.
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Bibliographie de Hugues Blineau   (3)Voir plus

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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Et, en cette matinée pluvieuse du 10 avril, cette certitude était à peu près la seule chose qu’ils partageaient encore, à distance respectable les uns des autres. Car les Beatles avaient fini par ne plus savoir qui ils étaient vraiment, leur vie résumée à un jeu de fête foraine, une fiction échappée des revues people, loin des rêves qu’ils avaient à leurs débuts formulés ensemble. Pour ceux qui les avaient approchés de près, ils avaient fini par incarner à la fois une chose et son contraire : des enfants gâtés ne reculant devant aucun caprice, des collectionneurs se croyant avisés et plumés par le premier bonimenteur venu. (p. 31)
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Comme à chaque annonce d’une telle ampleur, le monde était bel et bien coupé en deux. Il y avait d’abord ceux qui se sentaient bouleversés, comme si brutalement quelque chose s’était tu en eux et, ils le pressentaient déjà, ne reviendrait jamais plus. Un groupe hétérogène, aux origines variées, dispersé aux quatre coins du globe, qui allait trouver un foyer commun d’émotions, immédiat, réversible. Il y avait aussi cette masse infiniment plus nombreuse, des millions d’autres individus indifférents à ce qui venait de se produire, qui ne verraient là qu’un minuscule événement parmi les dizaines d’autres se bousculant le même jour sur les fréquences radio, sans conséquence aucune pour les affaires du monde ou leur propre quotidien. Une nouvelle sans relief qui, en vérité, pour la population dans son écrasante majorité, appartiendrait au même flux tiède d’informations relayées par les ondes, entré depuis longtemps déjà dans les logements du royaume et ailleurs, sur d’autres terres et d’autres continents. Un sujet à peine plus saillant que les débats politiques du moment autour de lointains conflits armés, les bulletins météo ou l’horoscope du lendemain. Et le cours des choses s’en trouverait alors inchangé. (p. 10-11)
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L’onde allait ainsi se propager du matin jusqu’au soir, et pour quelques jours encore. Déjà, la mélancolie commençait à étendre sa toile, dans l’esprit des admirateurs comme dans celui des simples passagers d’une époque libre, insouciante, pour se rappeler à eux longtemps après. Ils se souviendraient alors de ce soir particulier où ils refirent le monde, en rebattant les cartes, en déployant toutes sortes de trésors imaginaires, pour envisager leur vie d’adulte débarrassée des contraintes. Ils se rediraient les mêmes mots, recomposeraient bien des lieux et des visages, la plupart perdus de vue, en repensant aux circonstances dans lesquelles ils apprirent, en ce vendredi 10 avril 1970, que les Beatles venaient de se séparer. (p. 10)
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En somme, l’image de cette matinée ensoleillée sur les trottoirs d’Abbey Road offrirait pour la postérité comme le résumé parfait de la vie de Ringo Starr au sein des Beatles : suivre le chemin tracé par d’autres en y trouvant son compte, garder la bonne distance pour se ménager une place, en la sachant secondaire mais indispensable à l’équilibre des forces en présence. Symétrie et mouvement. Car, en vérité, Ringo avait été comme ces passagers contraints à la banquette arrière dans une voiture lancée à pleine vitesse, pendant que ses amis, plus entreprenants, plus belliqueux, mais surtout compositeurs de génie, démêlaient leurs luttes de pouvoir. Il les aidait comme il le pouvait, et, par son sens de la communication et son humour apaisant, permettait toujours aux trois autres de trouver la solution la plus adaptée à la situation du moment, quitte à la défaire l’heure suivante, si les sautes d’humeur de John réclamaient un changement radical de direction. De compromis en compromis, les mois avaient ainsi passé, les années devenant toujours plus pesantes à vivre, depuis la prise de contrôle de Paul lors de l’enregistrement du Sgt. Pepper et les aventures solitaires du “Double Blanc” qui l’avaient fait quitter provisoirement le navire Beatles. Il avait cru à une rémission, à un avenir meilleur mais, depuis ces derniers mois, sa déception, muée en rage froide lorsque l’humour lui manquait, n’en était que plus grande. Pour la première fois de sa vie d’adulte il se sentait trahi, trahi par Paul qui l’avait malmené au plus fort de la crise de ce printemps 70, trahi par John qui lui assénait toutes sortes de vérités contraires à l’ordre des choses, comme si elles venaient de lui être chuchotées à l’oreille par Yoko. Il avait fini par ne plus les supporter. Quant à George, il était devenu tout à fait inaccessible, du point de vue professionnel comme dans ses amitiés. Un fantôme, qui avait déserté toute conscience simple des êtres et des choses. (p. 51-52)
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En cette soirée du 10 avril, la nouvelle de la séparation des Beatles avait été comme un coup supplémentaire, porté en plein cœur, comme si elle n’avait été destinée qu’à lui, pour lui enlever la part la plus heureuse de ses souvenirs. C’était comme si le cadre qui auparavant le soutenait n’était maintenant plus qu’une toile lacérée de toutes parts et promise aux quatre vents. à présent, il voulait se placer à l’écart du monde, s’enfoncer dans la nuit pour ne jamais reparaître, le plus court chemin pour rendre concrète sa résolution : devenir adulte et se soustraire aux yeux de sa famille. (p. 92)
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Aussi, lorsque une demi-heure après la fin du repas, sa mère débarqua dans sa chambre, essoufflée, faisant craquer le bois de l’escalier, puis le chambranle de la porte, Jean-Philippe perçut immédiatement l’extraordinaire de la situation. Quelque chose d’inhabituel, d’important avait dicté ses gestes, et cela tint en une seule phrase qu’elle eut, sous les feux de l’excitation, toutes les peines à articuler distinctement : au journal télévisé on venait d’annoncer la séparation des Beatles. Après avoir prononcé ces mots, elle chercha, d’un œil plus vif qu’à l’accoutumée, à analyser la réaction de son fils, qui ne vint pas tout de suite, ou qui chercha plutôt à se soustraire à elle, à son regard inquisiteur et au plaisir coupable qu’elle prendrait s’il avait la faiblesse de trahir son émotion. Incontestablement, il était pris par surprise, tant l’information paraissait assourdissante mais aussi parce qu’il s’était éloigné des Beatles, emporté par le flux des nouveautés, convaincu que d’autres musiciens incarnaient bien davantage l’énergie du rock et l’insoumission de la jeunesse face à l’ordre établi que les quatre de Liverpool, à bout de souffle et désormais trentenaires. (p. 88-89)
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En ce matin d’avril, comme pour tous ceux qui l’avaient précédé depuis le début de l’hiver, Phil respecta la promesse qu’il avait faite à Sue après la signature de son contrat d’embauche. Au moment de franchir le portique, à l’instant même où les dents métalliques libérèrent le bas de son corps, il se répéta les mêmes paroles que la veille, celles qu’il se dirait le lendemain et pour encore un nombre infini de jours : garder foi en lui et, même si cela ne tenait plus qu’à un fil, ne jamais renoncer à la voie étroite qu’il s’était choisie. Il se souvint alors, comme chaque matin, des yeux brillants de Suzanne, juste en dessous de la scène, lorsqu’il l’avait rencontrée pour la première fois. Une fois encore, il rejouait la même séquence qui l’avait
ébloui : la persistance du regard de Sue, ses longs cheveux auburn, quelques taches de rousseur aux pommettes, et, attaché à son souvenir, le décor d’un pub anonyme à l’arrière-plan. Il revoyait ses doigts glisser le long du manche de sa guitare, monter et descendre, changer d’accord en douceur : un lent glissando, plaintif, irrésolu, une chanson folk qui lui semblait alors être la meilleure qu’il ait jamais écrite. Un drame sentimental monté de toutes pièces, une histoire d’adultère conjurée, la passion d’un homme d’âge mûr s’amourachant d’une jeune femme, au péril de son couple et de lui-même, qui se finissait mal, évidemment. En y repensant, Philip se disait qu’elle ne contenait aucune part de vérité, qu’elle sonnait faux. Pour lui, son inauthenticité aurait même dû la condamner au silence tant elle décrivait, sur un canevas sans originalité, un univers domestique éloigné de ses expériences de vie. Au final, sa seule qualité fut de lui permettre de rencontrer Sue, de faciliter pour ainsi dire leur premier contact, en cette soirée du 13 juin 1968, autour de verres partagés et de leur passion commune pour la musique. En cette soirée, il fut un peu question de Lennon-McCartney, mais aussi des Rolling Stones, de Cream, et de quelques autres parmi les groupes les plus fameux du moment. Et en pénétrant dans la rame, comme souvent ces dernières semaines, il se rappela de sa première fois avec Suzanne, du moment précis où elle dégrafa son soutien-gorge, sans fausse pudeur, dans la pénombre d’une chambre d’étudiant, tandis qu’à leurs pieds tournait la deuxième face du Sgt. Pepper, celle qu’il avait toujours préférée. (p. 16-17)
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Comme dans beaucoup d’autres endroits du monde, l’amitié, l’insouciance, l’effusion des sentiments bousculaient bien des schémas et des règles millénaires, mais sans doute ici, dans ce quartier tokyoïte en plein chamboulement, ou plutôt ce court périmètre, à peine quelques rues, un peu plus qu’ailleurs. Car, sur certaines artères de la ville, la jeunesse avait pris le pouvoir, avec insolence. Le cinéma français d’avant-garde passionnait, les tenues excentriques fleurissaient. L’Occident fascinait pour ses modes et sa musique baignée d’électricité. Au Japon, comme dans d’autres pays d’Asie, le rock disait des mots que l’on ne comprenait pas, mais son rythme, lui, communiquait toute son énergie brute, pulsant dans les veines, irrésistible. Et, comme les jeunes gens de sa condition, Kyoko Kuroyama n’échappait pas à cet engouement, parfois déraisonnable, pour tout ce qui venait d’Amérique ou d’Angleterre. Elle s’en amusait parfois, en collectionnant toutes sortes d’objets qu’elle entassait dans des cartons enrubannés soigneusement, pour en redessiner les lignes ou en convoquer le souvenir, lors de discussions avec ses amies étudiantes en art. (p. 43)
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Quelques cierges furent déposés sur les marches, à l’endroit même où Ringo et George étaient passés deux ou trois heures plus tôt. Les regards se cherchaient, essayant de percevoir les mêmes émotions en retour : la tristesse, l’incrédulité, la fierté peut-être d’appartenir à une même confrérie, celle des fans qui connaissaient mieux que quiconque, ou du moins le croyaient-ils, l’œuvre du groupe. (p. 78)
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En ce début de matinée anglaise, une autre partie du monde serait bientôt plongée dans l’obscurité. Le décalage horaire ne permettrait pas aux fans des Beatles habitant les antipodes d’apprendre tout de suite la nouvelle de leur séparation. Aucune information ne circulait encore dans les couloirs des aéroports, sur les campus ou les cafés dans lesquels une jeunesse éveillée partageait des moments fiévreux, là où, à l’instant même, des milliers de Londoniens plongeaient dans la stupeur. à Séoul, Tokyo ou Sydney, dans les rédactions, quelques- uns savaient déjà, mais le temps d’analyser les sources, de rédiger et de valider les articles, puis d’imprimer de larges encadrés, restait incompressible. Et aucun autre moyen ne pouvait remplacer les chaînes de fabrication où, tous les jours, des millions de feuillets se noircissaient d’encre, pour traduire en mots les actualités proches comme celles universellement partagées. Ainsi, ce qui apparaîtrait bientôt pour beaucoup, aux quatre coins du monde, comme l’événement le plus considérable depuis l’alunissage d’Apollo 11, le 21 juillet de l’année précédente, n’échappait pas à la règle. (p. 26)
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