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Citation de art-bsurde


Laissant, par la force des choses, le champ libre aux ambitions les plus effrénées, le style de direction de Hitler favorisait l'adoption désordonnée de politiques égoïstes, opportunistes et prédatrices. Toutefois, pour pouvoir prendre corps, celles-ci devaient obligatoirement correspondre, d'une façon ou d'une autre, aux objectifs présumés du Führer. Formaient la cohorte des « étoiles montantes » du régime ceux qui parvenaient le mieux à « déchiffrer » ses intentions, choisissaient le moment opportun pour « aller au-devant de ses désirs » et savaient se montrer d'une brutalité impitoyable pour s'imposer dans les domaines qui lui tenaient le plus à cœur.
La décomposition du gouvernement collégial entraîna donc une prolifération de nouveaux centres de pouvoir en perpétuelle rivalité, dont la seule légitimité était d'être des instruments de « la volonté du Führer ». Mettant en jeu des rapports de force fondés sur des liens personnels de fidélité que venaient récompenser l'octroi de fiefs et de prébendes, le régime nazi, comme on l'a très justement fait remarquer, s'apparentait à un système néo-féodal.
[…]
A la fin de 1938, Hitler ne s'était pas encore totalement détaché de l'appareil traditionnel de gouvernement et d'administration. Toutefois, le processus qui, pendant la guerre, conduirait à l'éclatement du gouvernement en une jungle de pouvoirs concurrents était déjà bien avancé. Face à l’affaiblissement progressif de « l'état » et à la légitimation de toute action par « la volonté du Führer », le champ des considérations froides et « rationnelles » susceptibles de freiner les initiatives « dangereuses » et de contenir les pulsions les plus radicales du régime ne cessaient de se rétrécir. Simultanément, les forces dépourvues de coordination mais dynamiques qui, de multiples façons,  « servaient le Führer » et concouraient à la mise en œuvre de ses buts idéologiques prenaient de la vitesse. Et de ce fait, sans qu'il y eût besoin de directives précises venues du centre, le grand « dessein » de Hitler, aussi vague fût-il, revêtait peu à peu la forme d'objectifs concrets et réalisables.
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