Entretien avec l'historien Ian Kershaw à la librairie Millepages le 12 octobre 2016.
Les Juifs occupaient une place unique dans la panoplie des phobies nazies. Pour Hitler et nombre de ses partisans, les Juifs représentaient un danger qui menaçait l'existence de l'Allemagne. A l'intérieur, ils étaient accusés d'empoisonner sa culture, de miner ses valeurs et de corrompre sa pureté raciale. A l'extérieur, on voyait en eux une puissance internationale nuisible du fait de leur domination présumée sur le capitalisme ploutocratique et le bolchevisme. L'élimination de la puissance juive et de son influence présumée était donc le pivot même de la vision utopique du renouveau national construit sur la pureté raciale.
L'issue probable d'un tel affrontement aurait probablement été le largage de bombes atomiques américaines sur Berlin et Munich, plutôt que sur Hiroshima et Nagasaki.
Le nombre exact d'ouvriers étrangers sur le sol allemand en Février 1945 est inconnu. L'été précédent, ils n'étaient pas loin de six millions-tous travailleurs forcés-, auxquels il fallait ajouter près de deux millions de prisonniers de guerre enregistrés en Allemagne-ce qui représentait au total, plus du quart de la main-d'oeuvre totale. Parmi ces ouvriers étrangers , environ 4,5 millions-chiffre probablement en deçà de la réalité - venaient de l'est, essentiellement de Pologne et d'Union soviétique, et étaient considérés comme des éléments racialement inférieurs, particulièrement dangereux.
Ainsi, dans la pittoresque petite ville de Bad Windsheim, en Basse-Franconie, eut lieu la plus spectaculaire des manifestations de femmes contre la destruction de leurs villes. Elles furent entre 200 et 300, pour certaines avec leurs enfants, à protester début avril contre la décision du commandant militaire local de résister face à l'arrivée imminente de puissantes forces américaines. Après une confrontation tendue, Bad Windsheim finit par tomber sans être totalement détruite et sans subir de lourdes pertes en vies humaines.
Néanmoins, la Wehrmacht comptait un nombre important de soldats encore potentiellement réceptifs aux idéaux nazis, puisque près du tiers des soldats ordinaires étaient ou avaient été membres de quelque organisation affiliée au Parti.
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L’invasion de l’Union soviétique, pour laquelle, contrairement aux campagnes précédentes, il avait fallu s’abstenir de manipuler préalablement l’opinion populaire, fut présentée aux Allemands comme une guerre préventive. Le Führer en avait pris l’initiative, expliquaient les directives de Goebbels à la presse, pour conjurer à la dernière minute la menace que la trahison du « judéo-bolchevisme » faisait planer sur le Reich et toute la culture occidentale. À tout moment, les bolcheviks avaient envisagé de frapper contre le Reich, puis d’envahir et de détruire l’Europe. Seule la hardiesse du Führer les en avait empêchés. Mais le plus extraordinaire, c’était que Hitler et Goebbels se fussent eux-mêmes convaincus de la vérité de ce mensonge de la propagande. Sachant parfaitement sa fausseté, ils durent se convaincre eux-mêmes de cette fiction afin de justifier la décision gratuite d’attaquer et de détruire complètement l’Union soviétique.
Les valeurs et la mentalité d'une société sont refléchies, contestées et formées par la culture dans toutes ses variétés : arts plastiques, littérature et autres formes d'expression. Les années soixante trouvaient ces valeurs et cette mentalité au stade premier d'une transformation persistente, surtout parmi la jeune génération... Le nationalisme diminua, la vieille discipline de fer du capitalisme se relacha, le plein emploi aidant... L'enseignement supérieur se développa rapidement en Europe, offrant à beaucoup de gens la possibilité de se développer, ce qui était jusque là l'apanage de l'élite sociale. Mais à l'université, justement, beaucoup de jeunes apprirent des façons différentes de penser... Il se développa une révolution sexuelle où toutes les normes et conventions furent combattues, et qui fut une partie essentielle de la contre-culture...
(pp.235-254)
Les nazis avaient promis de tendre la main aux ouvriers,mais ils ont manque leur coup et nous ont pris a la gorge
Au début de 1945, la population concentrationnaire était d'environ 700 000 prisonniers originaires de toute l'Europe , dont un peu moins du tiers de femmes, et entre 200 et 250 000 Juifs. Les autres étaient des prisonniers politiques-tous placés sous la garde de 40 000 SS. En outre, les pénitenciers allemands détenaient à cette époque quelque 190 000 prisonniers, pour beaucoup internés à la suite de délits"politiques".
Pforzeim, la "porte de la forêt noire" , fut quasiment rayée de la carte les 23 et 24 février. Ce bombardement tua 17 600 personnes(soit un quart de la population). Le 16 mars, le violent bombardement -absurde d'un point de vue militaire- de Wurtzbourg fit 4 000 morts sur une population de 107 000 habitants et détruisit en dix-sept minutes 90 % du magnifique centre baroque de la ville, véritable joyau culturel.