AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de enkidu_


Les maîtres dans la voie spirituelle voient dans les menaces divines (wa’îd) autant de promesses (wa’d), et dans le châtiment divin ('adhâb) autant de douceur (‘udhb), car ils contemplent, dans les épreuves, Celui qui éprouve, et dans le châtiment, Celui qui châtie. A leurs yeux, ce qui existe est comme inexistant. Ils ont déclamé à ce sujet les vers suivants :

Ma maladie, dans l’amour, est mon bien-être.
Mon existence, dans la passion, est ma non-existence.

Un châtiment que Tu as voulu pour moi
est plus doux à mon goût que tout plaisir.

Par Dieu, je jure que pour nous,
il n’est aucune peine ni aucun chagrin dans Ton amour.

Certains ont été tellement submergés par la puissance de cette extase d’amour que leur bonheur a dépassé les limites : au point de rechercher la grâce dans le châtiment, alors que la plupart des amants cherchent à en être préservés. On dit que les vers suivants sont d’Abû Yazîd al-Bistâmî :

Je Te veux, mais pas comme une récompense,
Je Te veux comme châtiment.

J’ai obtenu de ce monde tout ce que je voulais,
sauf l’extase délicieuse de l’amour à travers le châtiment.

Quiconque est absorbé dans la contemplation s’installe dans une intimité croissante avec Dieu, et la peur disparaît de son champ de vision. La contemplation suppose l’intimité, aussi sûrement que la peur suppose la distance de la réserve. On raconte que Shiblî vit un jour des gens assemblés autour d’un jeune homme allongé au sol. Il reçut cent coups de fouet sans montrer le moindre signe de souffrance, sans appeler à l’aide, et sans prononcer un mot. Cette résistance était d’autant plus remarquable que l’homme était fin, maigre et faible. Un seul coup de fouet supplémentaire, cependant, et il se mit à appeler à l’aide, se tordant de douleur.

Surpris du comportement du jeune homme, Shiblî s’approcha et lui dit : « Eh, toi ! C’est étonnant que tu résistes avec autant de force avec un corps aussi chétif ! » Le jeune homme répondit : « Ô shaykh, c’est la volonté, non le corps, qui supporte les épreuves. » Le maître reprit : « Je t’ai vu recevoir sans broncher cent coups de fouet, mais tu n’as pu en supporter un de plus, et tu as perdu ton sang-froid. » Le jeune homme dit : « C’est vrai, mon frère. L’œil pour lequel j’ai été puni m’a regardé pendant les cent premiers coups. Je me réjouissais de ce qui m’arrivait, parce que j’étais totalement occupé à le contempler. Au dernier coup, cependant, je me suis retrouvé seul avec moi-même, et alors j’ai ressenti la souffrance. » (pp. 25-26)
Commenter  J’apprécie          00









{* *}