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Citation de enkidu_


Nous sommes là à la limite du mystère de l’unicité. L’unique est si parfaitement unique, que la somme qualitative des sublimités qui Lui appartiennent est synthétisée dans une très impénétrable unité. Et néanmoins, Il ne se départit jamais de toutes ses qualités infinies et infiniment distinctes. Si bien qu’aimant l’unique, le gnostique aime aussi bien la Personne divine en considération de cette synthèse qu’il L’aime en considération de cette distinction qualitative.

L’unicité des gnostiques n’est donc pas la négation du pluriel par une vision de Dieu exclusivement transcendante. Elle n’est pas non plus la négation de l’unité par une vision immanente promouvant des vies particulières aux dépens de toute unité.

Ibn ‘Arabî dit en ce sens : « La vision transcendante est un déséquilibre et la vision immanente est un déséquilibre. L’équilibre se situe entre ces deux, ce qui est au-delà de l’entendement et des sens. »(1)

L’unicité des gnostiques est celle qui intègre l’unique et le multiple, parce que le tout est la volonté de l’Aimé. C’est pourquoi ceux-ci ne sauraient aspirer à l’éradication complète du mal. Car cette éradication impliquerait l’anéantissement des vivants. « Si Dieu leur tenait rigueur, Il ne laisserait pas sur terre un être vivant. » Ce qui exclurait la miséricorde et la voie d’équilibre de celui qui fut envoyé par miséricorde universelle. A l’inverse, ils ne sauraient davantage agréer le mal en tant que tel. « Dieu n’aime pas la discorde. »

Ibn ‘Arabî décrit le gnostique ainsi :

« Le gnostique est l’homme qui demeure par le Vrai en sa synthèse. Son aspiration spirituelle le meut de manière impérieuse. Il agit sur l’existence entière sans être conditionné par elle, et plus encore, en usant de la juste balance telle qu’elle est connue des gens de Dieu. Sa qualité et sa vertu ne sont connues de personne en l’existence, ni des hommes, ni des djinns, ni des anges, ni d’aucun être vivant. Sa station est inconnue et ne peut être définie, et néanmoins, en son action, il ne sort pas de l’usage des hommes d’une manière qui le distinguerait d’eux. Son souvenir demeure inapparent et sa station inconnue. Sa mansuétude englobe toutes les créatures de Dieu. Il connaît la volonté de Dieu avant que son objet n’apparaisse. Sa volonté suit ainsi la volonté du Vrai. Il ne conteste ni ne lutte, et rien n’apparaît en l’existence qui soit contraire à sa volonté. Il est fort en sa douceur. Il distingue le moral de l’immoral et sait mettre en œuvre la vertu en son lieu et avec qui de droit. Il fait cela avec la sagesse d’un homme capable de se désolidariser des actions de ceux que Dieu désavoue. Et néanmoins, il continue à bien agir envers eux. Il est témoin des louanges de l’ensemble des créatures en la diversité de leurs oraisons. Il n’apparaît qu’à un gnostique semblable à lui. »(2)

(1) Futûhât, chap. Des secrets.

(2) Futûhât, chap. 77. (pp. 179-180)
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