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Citation de enkidu_


Les renseignements que nous possédons sur les premières décades de l'Islam fournissent maints exemples de la tolérance religieuse des premiers khalifes à l'égard des adeptes des anciennes religions. Très édifiantes sont surtout les instructions données aux chefs des troupes qui partent en campagne. Comme modèles, on avait le traité passé par le Prophète avec les chrétiens de Nedjrân, qui garantit le respect des institutions chrétiennes et aussi la ligne de conduite tracée par lui à Mu 'âd b. Djebel se rendant dans le Yémen : aucun Juif ne doit être troublé dans son judaïsme. A la même hauteur se tiennent les traités de paix accordés aux chrétiens soumis de l'empire byzantin, qui s'émiette de plus en plus au profit de l'Islam. Moyennant l’acquittement d'un impôt de tolérance (djizya), ils peuvent pratiquer en paix leur religion ; — à cela près que la publicité des cérémonies religieuses est quelque peu limitée. Au contraire, il est à remarquer qu'il résulte de la critique historique des sources qu'un certain nombre de restrictions imputées à ces temps anciens n'ont été mises en vigueur qu'à des époques postérieures, plus favorables au fanatisme. Ceci est vrai notamment de la défense de bâtir de nouvelles églises ou de réparer les anciennes. Il paraît bien que 'Omar II, esprit étroit et borné, ait été le premier à appliquer sérieusement une telle mesure, qu'accueillirent aussi favorablement dans la suite des souverains de la mentalité du 'Abbâside Mutawakkil. Mais si ces sombres souverains eurent l'occasion de s'attaquer à des temples d'autres religions bâtis depuis la conquête, cela même est une preuve que l'érection de tels sanctuaires n'avait rencontré auparavant aucun obstacle.

De même que l'on se laissait guider au point de vue de la pratique de la religion par l'esprit de tolérance, on devait aussi, en ce qui regardait le traitement civil et économique des infidèles, ériger en principe la modération et la douceur ; l'oppression des non-musulmans placés sous la protection islamique (ahl al-dimma) était jugée par les croyants une transgression coupable. Lorsque le gouverneur de la province du Liban sévit très durement contre la population, qui s'était révoltée à cause de l'oppression exercée par le percepteur des impôts, l'avertissement suivant, rapporté comme doctrine du Prophète, put lui être adressé : « Quiconque opprime un protégé et lui impose de trop lourdes charges, je me dresserai moi-même comme son accusateur au jour du jugement ». Récemment encore, on montrait près de Bostra l'emplacement de la « maison du Juif » dont Porter, dans son livre Five years in Damascus, raconte la légende : à sa place s'élevait une mosquée, que 'Omar fit abattre parce que son gouverneur s'était approprié par violence la maison d'un Juif pour la bâtir à sa place. (pp. 29-30)
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