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Citation de enkidu_


Jusqu’à la Grande Guerre, l’idéologie du marxisme révolutionnaire est restée l’emblème de l’engagement de Mussolini. Jeune homme, il transportait toujours dans sa poche une médaille de fer blanc à l’effigie de Karl Marx, qu’il considérait comme « le plus grand de tous les théoriciens du socialisme ». Fils d’un forgeron, Mussolini devint directeur de journaux socialistes – d’abord de Lotta di Classe, ensuite d’Avanti ! – dans lesquels il proclamait les principes de l’anti-impérialisme et de l’internationalisme prolétarien. (Sous le fascisme, il deviendra impossible de se procurer Avanti ! tant dans les kiosques italiens que russes.)

En 1912, hostile – contrairement aux futuristes – à la guerre qui s’annonçait et à la vague de ferveur patriotique de l’époque, Mussolini écrivait, paraphrasant Marx : « Il n’y a que deux patries au monde : celle des exploiteurs et celle des exploités. » Après que la guerre eut éclaté, se retrouvant en accord avec les futuristes, il reprit le slogan de Lénine sur la transition entre une période de guerre impérialiste et une période de guerre civile. Même après avoir abandonné le marxisme, Mussolini, lorsqu’il critiquait la révolution bolchévique russe, exprimait davantage un point de vue de gauche qu’un point de vue de droite. En même temps, il déclarait : « Le bolchévisme dévoile son visage capitaliste – guerrier, nationaliste –, et Lénine est le plus grand réactionnaire d’Europe. » Pour le Duce, le marxisme était loin d’être un caprice de jeunesse qui disparaîtrait sans laisser de trace ; comme l’a écrit Nolte, « la finalité du marxisme continuait à vivre en lui, même s’il n’en avait pas conscience ».

Si le mouvement mussolinien a été la source principale du fascisme italien, le futurisme italien a été l’une des sources majeures du mouvement mussolinien. Après son brusque passage du marxisme révolutionnaire ou, comme il l’appelait, du « communisme autoritaire » au fascisme. Mussolini n’eut, au début, qu’une idée assez vague des principes de son nouveau mouvement. Pour lui, le fascisme n’était pas un dogme, mais une méthode, une technique d’accession au pouvoir, et il tirait nombre de ses idées des futuristes de l’entourage de Marinetti qui, entre mars et juillet 1919, « représentèrent l’élément dominant du fascio milanais ».

Ces idées si aisément transformées en méthodes, ces méthodes qui tenaient lieu d’idées étaient communes aux deux mouvements. Benedetto Croce a dit, à propos de leur permanence : « Quiconque a le sens de l’analogie historique peut trouver les origines idéologiques du fascisme dans le futurisme, dans cette détermination à descendre dans la rue, à imposer sa propre opinion, à faire taire les opposants, à nier le danger des émeutes ou des rixes ; dans cet empressement à rompre avec toutes les traditions ; dans cette exaltation de la jeunesse qui caractérisait le fascisme. » (pp. 23-24)
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