À la maison, les livres étaient proscrits. Sur la table, traînaient un quotidien du Nord, quelques romans-photos. La misère culturelle est une prison qui n’accepte que des volontaires et mes parents ne songèrent jamais à s’en évader.
En classe, je n’écoutais pas, et Mme Delpierre, la directrice de l’école, connaissant ma situation familiale, avait demandé à mon institutrice de me laisser en paix. Toutes deux savaient qu’à l’usine je n’aurais besoin que de ma force d’abrutissement. Je n’étais là qu’en transit : pour les allocations familiales. J’étais censée ne pas avoir d’avenir. L’avenir, une pointeuse des jours gris.