Le trousseau
je traîne après moi une ombre
un trousseau débordant de pensées
venues du monde où je vivais
avant que je m’incarne
le vol m’est impossible
car le trousseau pèse lourd
tout ce que je peux faire c’est enlever
une par une les pensées
qui deviennent mots
ainsi j’arrive à avancer
un pas, un petit pas à la fois
je m’efforce encore et encore
pour enlever toutes mes pensées
que je sois léger tel un oiseau
toutefois le trousseau reste pesant
et je crie d’impuissance:
n’était-ce assez d’être Sisyphe
poussant son coeur
en haut de la colline ?
pourquoi faut-il encore traîner
ce trousseau débordant de pensées ?
dans sa langue
l’oiseau me répond :
comme j’aimerais moi aussi
être un ange !
mais quand mes ailes
me portent trop haut
hélas, je perds mes plumes
mes yeux se font de glace
et je perds mon souffle
pendant que toi au moins
tu peux écrire de mes plumes
toi au moins tu peux voir
au-delà des nuages…