Sur le versant des montagnes
Sur le versant des années
J’ai creusé dans la pierre
Ton portrait....
Télégramme du 8 avril 1956 de Varlam Chalamov à Olga Ivinskaïa, le dernier amour de Boris Pasternak.
(page 348).
Seul le temps était à l'unisson de Chalamov, il gelait à pierre fendre, il fallut creuser sa tombe à coups de pioche, les corbeaux tournaient autour de la chapelle en ruines du cimetière de Kountsevo. Lui qui avait connu jusqu'à la lie la pesanteur de notre monde matériel, pouvait-il ne pas croire à la possibilité d'en réchapper ? Lui qui avait tellement cru au verbe, pouvait-il ne pas croire au miracle ? Quelles furent ses pensées pendant ses derniers jours de lucidité ? La réponse est peut-être dans ces quelques vers consacrés aux pins, aux arbres de la taïga, décimés par sa hache, les terribles stères de pins abattus par les condamnés du Goulag :
"De quoi vivent à leur dernière heure
Ces pins éternels ? Un seul rêve,
Devenir mât de misaine
Pour à nouveau effleurer les nuages."