AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Tandarica


[François Charles Hugues Laurent] Pouqueville prétend que les Aroumains qui avaient voyagé, parlaient une multitude de langues et que l'on trouvait chez eux de riches bibliothèques à même de dépanner le voyageur raffiné qui avait dû se limiter à quelques livres jetés dans ses bagages. Le Français précise qu'il y découvrait des éditions sérieuses de classiques grecques ou de littérature française ; et la manière dont il rapporte ces faits laisse supposer que ce genre de bibliothèques ne constituait pas une exception.
Bien que l'amour des Aroumains pour les livres me remplisse de fierté, je ne parviens pas à me représenter ceux qui possédaient de telles bibliothèques. Ce n'était ni les professeurs, ni des écrivains et je ne comprends pas où ils trouvaient le temps de lire et quelle était la place qu'ils réservaient au livre dans leur vie active. Et dès lors qu'ils lisaient, disons des classiques grecs, avec qui pouvaient-ils les commenter ? Et après avoir jonglé avec les subtilités du grec littéraire, comment revenaient-ils à la langue aroumaine ? Ne la ressentaient-ils pas alors comme un vêtement de l'enfance qui aurait rétréci et dans lequel les grandes idées trouvaient difficilement à
s'exprimer ? Mais peut-être que j'ai tort et que ce n'était pas un vêtement, mais plutôt une forteresse, ou si vous ne voulez pas de la forteresse, alors, une montagne, ou un couteau, une arme simple et dangereuse qui possède sa vie propre, comme les poignards de Borges. La langue aroumaine était le couteau qu'il faut cacher sous le vêtement, sur la poitrine.
(p. 101-102)
Commenter  J’apprécie          111





Ont apprécié cette citation (10)voir plus




{* *}