Romulus interrogeait du regard et du geste cet homme inconnu qui ne lui inspirait que de la confiance et du respect.
― Pourquoi avons-nous été condamnés à mourir ? Quel danger pouvions-nous représenter pour Amulius, ou quelle faute avons-nous commis en naissant ?
Numitor l’écoutait avec une émotion contenue.
― En vérité, l’histoire prodigieuse que vous me racontez coïncide avec celle que je connais déjà. Vous pourriez très bien, je l’avoue, être mes petits-enfants, ceux que ma fille et moi, et tous ceux qui étaient au courant de votre naissance, avons cru noyés dans le Tibre.
A la tombée de la nuit, une dernière vaguelette poussa le panier sur les rives du mont Palatin, où il heurta le tronc d’un figuier sauvage qui le fit renverser. Les deux nouveau-nés tombèrent dans la boue et se mirent à pleurer. La forte rumeur des eaux couvrait leurs cris. Bientôt, une figure sombre s’approcha du figuier, elle s’y frotta puis elle pencha sa gueule hirsute sur les créatures. […]. Elle flaira les petits être et comme l’un s’était renversé, elle le repoussa vers la terre sèche. Puis elle se coucha à leurs côtés et leur offrit ses mamelles gorgées de lait. Et pendant que les deux enfants la tétaient, la louve, de sa langue, les débarrassait de la boue qui les recouvrait.