Morna marcha sur leurs pas. La boue de l'estuaire collait à ses semelles, mais leur bruit organique de déglutition lui sembla libérateur. L'oeil de son âme s'envola au ciel et, comme la lune, observa de haut les membres de la petite cellule familiale qui grouillaient comme des fourmis. Elle fut prise d'une affection profonde pour les siens, pour leur monde. La terre flottait à l'infini dans une brume argentée. Le ciel s'éclaircissait à l'orient — l'aurore imminente rétablirait le sentier de la vie. Un sentiment de paix l'enveloppa quand elle revint dans son corps. Ni le vent, ni les cris de l'homme, ni les gloussements joyeux des garçons ne pouvaient troubler le blanc manteau de lune.