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Citation de sonatem


Ma chère Kouri,
     
... Le chemin que tu nous a appris est celui de la justice et celui de la vérité. C’est un des chemins les plus difficiles à suivre parce que la justice, nous avons beaucoup de peine à y croire. Mais essayer de faire la justice dans nos propres coeurs, cela est quand même à notre portée. Voilà la seconde chose que tu nous as apprise.
Mais je voudrais dire aussi que, quand tu poursuivais ton chemin vers la connaissance, tu as toujours apporté ce que j’appellerais la compassion, c’est à dire que tu souffrais avec, au sens propre du mot (…) Mais je crois que cette connaissance qui n’est pas sèche, qui est une connaissance perpétuellement accompagnée par la compassion, se tourne inévitablement vers l’action, parce que la connaissance est presque toujours liée à l’action. Cela n’est pas le cas de tous les ethnologues, mais c’est le cas pour toi et de quelques-uns qui ont été tes maîtres. Nous, nous avons suivi modestement ta trace.
Il y a autre chose que tu nous a appris aussi, qui est très précieuse pour nous et que nous avons vraiment le désir intense de transmettre à nos descendants, c’est la reconnaissance de la valeur et de la dignité de chaque être humain. Cela, nous te le devons aussi – nous avons pu l’apprendre par d’autres, mais c’est l’une des choses que nous avons apprises de toi. Car tu as toujours reconnu dans chaque être humain, quelque soit ses apparences, ce socle qui nous est commun. Tu nous l’a appris au fur et à mesure que les évènements arrivaient, au fur et à mesure que nos vies à nous se déroulaient, au fur à mesure que les jeunes camarades, comme Anise, Miarka et d’autres, comme Françoise, comme Michèle, ont commencé leur vie de femme, ont commencé leur vie de mère, cela passait entre nous. Et ce qu’il y avait de merveilleux c’est que tu nous l’apprenais avec une gaieté et un humour inaltérables. (…)
     
Je pense au poème d’un écrivain qui écrivait en langue allemande (bien que n’étant pas allemand), Paul Celan : « Résister debout, être debout malgré toutes les cicatrices qui restent toujours des blessures ». Tu es toujours debout. Tu es toujours au milieu de nous et pour nous c’est un très grand bonheur. (…) Alors je pense non seulement à ceux que tu aimes, qui ne sont pas visibles, mais à tous ceux qui ont reçu de toi, il y en a beaucoup parmi nous, dont tu ne sais peut-être même pas qui ils sont. Ils viennent près de toi et ils te disent merci.
     
Madame de Gaulle Anthonioz
     
Saint-Mandé, le 23 décembre 1999.
     
Extrait du Discours de remise de la grande-croix de la Légion d’honneur à Madame Germaine Tillion par Madame Geneviève de Gaulle Anthonioz. (Annexes)
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