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Nationalité : France
Biographie :

Isabelle Aubert est maître de conférences en philosophie à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Ses travaux portent sur la philosophie politique contemporaine, la philosophie du droit et la théorie sociale.

Elle a publié "Habermas. Une théorie critique de la société" (2015) et traduit et présenté l'ouvrage de Gunther Teubner, "Fragments constitutionnels" (2016).

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Isabelle Aubert
Ainsi le conflit intérieur induit par l'opposition entre le corps et l'âme s'est traduit à l'extérieur par des rapports de force, et un détournement et un gaspillage des énergies des individus dans des conflits tous azimuts, l'affrontement ayant pour conséquence l'annihilation des forces respectives. De là une conception dramatique, tragique, d'une "condition humaine", enfermée dans une problématique
de culpabilité basée sur l'infériorisation de la personne humaine et la culpabilisation des fonctions corporelles, et une problématique existentielle basée sur la perte des attributs de notre humanité et l'impossibilité d'une issue non dramatique pour les individus.
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Isabelle Aubert
"Ce qui caractérise toutes les perversions, c'est qu'elles méconnaissent le but essentiel de la sexualité, c'est-à-dire la procréation. Nous qualifions en effet de perverse toute activité sexuelle qui, ayant renoncé à la procréation, recherche le plaisir comme un but indépendant de celle-ci. Vous comprendrez ainsi que la ligne de rupture et le tournant du développement dans la vie sexuelle doivent être cherchés dans sa subordination aux fins de la procréation. Tout ce qui se produit avant ce tournant, tout ce qui s'y soustrait, tout ce qui sert uniquement à procurer de la jouissance, reçoit la dénomination peu recommandable de "pervers" et est, comme tel, voué au mépris." (Introduction à la psychanalyse, Freud p.. 296, Ed. Payot).

En conséquence, cette théorie a substitué à la vision catholique de l'homme pécheur par essence celle de l'homme pathologique par nature. En introduisant le concept d'un inconscient-poubelle, lieu de pulsions inavouables et incontrôlables, elle a engendré chez les individus une peur dudit inconscient vécu comme dangereux, qui les a coupés mentalement de leur espace intérieur. Elle s'est très largement répandue dans le monde occidental, surtout à partir des années cinquante. Ce faisant elle a contribué à perpétuer la culpabilisation de la sexualité, remplaçant des dogmes religieux par des dogmes psychiatriques, et attribuant aux psychiatres le rôle dévolu auparavant aux prêtres. Partant du postulat que "la réalité" se limitait à la vision de la conception scientiste, elle a accrédité l'idée que toute croyance en une autre vision du monde était "contraire à la réalité" et à ce titre, de l'ordre du délire. Considérant la mort comme une atteinte à la prétendue toute puissance du monde
médical sur l'organisme humain, elle a contribué à occulter des discours officiels toute interrogation fondamentale, engendrant de nouveaux tabous, et imposé une conception de la vie humaine comme absurde et désespérée, dépourvue de sens et de finalité, enfermant les individus dans une problématique existentielle
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Isabelle Aubert
Aristote a décrit ces postulats comme régissant "les lois de la pensée", alors qu'il s'agissait en réalité de principes mathématiques.
Cette logique, appelée également logique par opposition, est le fondement de la conception dualiste qui a structuré les langages, les modes de pensée, et les comportements en Occident de l'antiquité à nos jours, en fonction des mécanismes de pensée induits par ces trois principes.
(...)
Ces postulats nous ont amenés à raisonner en termes de valeur,
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Isabelle Aubert
De là des notions de permis et d'interdits structurées non en fonction des conséquences des actes pour l'ensemble humain considéré, mais des intérêts des dominants, étant tenu pour "bon" tout ce qui
conforte ou va dans le sens de cette dominance, et comme "mauvais", tout ce qui est susceptible de la menacer ou de la remettre en question. D'où une inversion des notions de "bien" et de "mal", ces concepts servant à justifier la loi du plus fort et à légitimer l'oppression. Dans un tel système, la valeur des individus se résume à la valeur des attributs de la dominance (richesse, argent, pouvoir, etc.) qu'ils possèdent, elle est proportionnelle à leur statut. Cette inversion des valeurs a engendré la notion de crime sans victime et des interdits doctrinaux, non fondés sur une nuisance effective, sur la base desquels pouvaient être déclarés coupables des gens qui n'avaient fait de tort à personne. De là le phénomène du bouc émissaire, les sociétés qui raisonnent en fonction de cette logique, étant incapables de se confronter aux faits, de remettre en cause leur comportement, déclarant coupables les individus qui portent un regard lucide à leur encontre
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Isabelle Aubert
La logique d'Aristote et la conception antique de l'homme et du monde ont été abandonnées au XVIIème siècle par les scientifiques, suite aux découvertes de Copernic, de Galilée puis de Newton. La conception
newtonienne du monde donna lieu à la logique cartésienne, au mouvement rationaliste et aux théories scientistes, qui adoptèrent comme seuls critères fiables ceux de la science et de la raison. L'époque scientiste a généré une conception mécaniste de l'univers réduit à ce que nous pouvons en percevoir au moyen de nos sens physiques et
des instruments d'investigation humains, un univers limité au monde matériel tangible, observable et, sous l'influence des théories évolutionnistes, une conception de l'homme comme un descendant du singe, perpétuant la vision animalière de l'homme, et de la vie humaine comme limitée à sa dimension matérielle et au temps de vie
allant de la naissance à la mort de l'organisme. Cependant les mécanismes de pensée dualistes, véhiculés par le langage, n'ont pas été remis en question ni abandonnés pour autant
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Isabelle Aubert
Cette inversion des valeurs a engendré au niveau sémantique une inversion du maniement des niveaux d'abstraction, à travers l'ignorance des niveaux inférieurs (niveau des événements), et la tendance à s'orienter en fonction des niveaux d'abstraction supérieurs, de théories, de doctrines non similaires au faits, utilisées à des fins d'asservissement
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Isabelle Aubert
(...) Alfred Korzybski créa, durant la première moitié du
XXème siècle, la sémantique générale ou logique non-aristotélicienne, dans le but de résoudre les contradictions des systèmes de pensée précédents et les problèmes qu'elles engendrent au niveau humain. Il élabora une nouvelle conception de l'homme "comme un tout dans son milieu qui le pénètre et auquel il réagit", dont les différents niveaux sont liés entre eux structurellement et ne peuvent être isolés artificiellement les uns des autres.

Korzybski rejeta catégoriquement les principes aristotéliciens d'identité, de contradiction et du tiers exclu et fonda la sémantique générale sur les postulats suivants:
- une carte n'est pas le territoire,
- une carte ne représente pas tout le territoire,
- une carte est autoréflexive.

qui donnent, appliqués à la vie courante et au langage:

- un mot n'est pas ce qu'il représente,
- un mot ne représente pas tous les faits,
- le langage est autoréflexif
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Isabelle Aubert
Cette conception aristotélicienne de l'homme influença le christianisme dès son origine à travers St Paul, Saül de Tarse, qui lui transmit sa vision infériorisée de la sexualité (...) Elle structura le catholicisme à partir du Moyen Age, dès St Augustin (IVème siècle), qui formula la doctrine du péché originel, laquelle fut sanctionnée par divers synodes d'Afrique et, en 431, par le concile œcuménique d’Éphèse. Puis plus tard elle fut à la base de l'apparition de l'école scolastique (IXème siècle - XIVème siècle), qui consistait, de la part des théologiens, en une tentative d'harmonisation de la doctrine chrétienne avec la logique d'Aristote, laquelle correspondait au mode de pensée alors en vigueur et au niveau d'évolution de l'époque. L'opprobre à l'encontre de la sexualité manifestée par Aristote infiltra ainsi le catholicisme et à travers lui, tout l'Occident chrétien.
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Isabelle Aubert
Cette logique a ainsi conditionné toute notre conception de la réalité, que nous avons élaborée non pas en fonction du niveau des faits, à partir de ce que nous pouvons en observer et en percevoir à travers notre
expérience, mais en fonction du niveau des mots, de jugements de valeur donnés, de critères abstraits qui ne représentent rien d'effectif. D'où une confusion entre le niveau des mots, ce qui est dit, et le niveau des faits, ce qui se passe exactement, et une inadaptation dans nos modes de pensée et de comportement, qui se manifeste à travers la tendance à agir non pas en fonction des faits et des conséquences effectives de nos actes, mais en fonction des mots, de discours fondés sur des opinions, de croyances basées sur des postulats doctrinaux, les comportements induits par ce mode de pensée étant les reflets d'un verbe imposé.
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Isabelle Aubert
En conséquence la logique d'Aristote a structuré l'évolution de nos langages et de notre civilisation aux niveaux humains, institutionnel, spirituel, etc., du IVème siècle avant notre ère au XVIIème siècle, c'est-à-dire durant deux mille ans, et celle de Descartes, du XVIIème siècle à nos jours. La sémantique générale constitue donc le mode de pensée qui correspond au niveau d'évolution scientifique de notre époque. Ce n'est qu'à travers son étude et son intégration que notre civilisation pourra parvenir à intégrer, au niveau des sciences humaines, les fruits de son
évolution scientifique, la plupart de nos problèmes de civilisation dans les domaines humains provenant de la dichotomie entre notre évolution aux niveaux scientifiques et humains, et du fait que nous raisonnons encore dans les sciences humaines sur les bases des systèmes de pensée précédents.
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