Concessions, délégations de service public, partenariats public-privé : autant de termes techniques qui semblent bien éloignés de nos préoccupations quotidiennes. Et pourtant, chaque année, nos collectivités ou l'Etat lui-même privatisent une partie des services auparavant gérés publiquement, par le biais d'accords en général très profitables pour les entreprises et très défavorables aux collectivités et à leurs finances. Ainsi, le traitement de l'eau par exemple est de nos jours souvent effectué par les multinationales que sont devenues Suez et Veolia, alors que cette gestion a longtemps été réalisée par les communes elles-mêmes (et Paris a récemment montré que cette activité pouvait retourner dans le giron public)… de façon plus efficace et moins coûteuse pour le consommateur.
Ce petit livre bien rempli fait le point sur ces sujets, qui nous échappent généralement alors qu'ils touchent de nombreux aspects de notre vie quotidienne : l'eau donc, mais aussi les transports ou les stationnements. La journaliste a minutieusement enquêté et parvient à nous expliquer de façon claire comment tout cela fonctionne, comment de grandes entreprises prennent petit à petit la main sur les autoroutes, les aéroports ou les parkings, ponctionnant au passage des sommes considérables aux utilisateurs comme aux usagers.
Après une première partie présentant les principes, chaque chapitre traite d'un sujet : ports, aéroports, autoroutes, eau… A chaque fois, l'auteure nous présente la situation générale et l'illustre de nombreux exemples parfois détaillés (par exemple le cas de Notre-Dame-des-Landes et sa conclusion financièrement désastreuse pour l'Etat – mais l'entreprise Vinci était de toute façon largement gagnante quelle que soit la conclusion).
L'enquête porte également sur les lobbyings et pantouflages, les connivences voire les trafics d'intérêt, qui mènent à ces accords. Où l'on découvre que l'intérêt personnel des hommes politiques passe souvent avant l'intérêt public.
Un ouvrage bien documenté et vraiment d'actualité, clairement d'utilité publique, lui, et à lire pour être plus attentif où passe notre argent.
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