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Citation de Woland


[...] ... Le tumulte, dans le camp, ne cessait de croître, et ils étaient maintenant obligés d'élever la voix pour s'entendre.

- "Eh ! bien", fit Sadedin, "[les femmes albanaises] sont ... elles sont ... Mais comment te les dépeindre, mon frère ! Elles sont comme un nuage mouvant qui, lorsqu'on tente de le saisir, ne vous laisse rien dans la main. Et leurs vêtements aussi sont de la couleur des nuages. Blancs, blancs, bordés de lisérés rouges et noirs.

- Tu t'en achèteras une, lorsqu'on aura pris la citadelle ?" demanda le janissaire.

- "Bien sûr, à n'importe quel prix. J'ai déjà l'argent de côté ..." - il porta la main à son sein - " ... tout ce que j'ai reçu pour mes poésies.

- Tu en as, de la chance !"

Le poète sortit la gourde et la porta à ses lèvres.

- "Ca suffit," lui dit l'astrologue, "tu ne marches plus très droit."

Sadedin la refourra dans son sein.

- "Il s'en passera, des choses, dit-il, la nuit où l'on prendra la citadelle ! Quel sabbat ! Quelles orgies ! Leur désir assouvi, les hommes échangeront leurs captives. Ils les garderont une heure, puis les revendront pour en racheter d'autres. Elles passeront de tente en tente. Il y aura des rixes. Peut-être même des meurtres ! Oh ! sûrement !"

Le janissaire l'écoutait, l'air triste.

Ils marchèrent un moment sur un chemin bordé d'asapes [= troupes d'infanterie légère] étendus par terre, dans l'ombre plus obscure projetée par les tentes.

- "Ils sont ennuyeux, ces asapes," dit Sadedin. "Ils rêvent de recevoir un lopin ou quelque vigne dans les terres ici conquises, puis de se courber sur leur charrue pour le reste de leur vie.

- A chacun ses rêves," dit l'astrologue.

Le poète fut tenté de lui répondre, mais il préféra boire une nouvelle lampée de raki. Il continuait de marmotter en composant sa poésie.

La multitude devenait de plus en plus dense. Des tambours roulaient de toutes parts, noyant presque de leurs grondements les voix des cheiks qui haranguaient les soldats. Les derviches s'abattaient par terre, priaient, hurlaient sans cesse.

-"Nous enseignerons le saint Coran à ces rebelles maudits," criait un cheik. "Sur leur terre bosselée comme le dos d'un démon, nous élèverons les minarets sanctifiés par Allah. Du haut de ces tours, au crépuscule, la voix de nos muezzins tombera sur leurs têtes mal dégrossies, tel un haschisch qui s'empare de l'esprit. Nous ferons en sorte que ces infidèles se prosternent cinq fois par jour en direction de La Mecque. Nous envelopperons leurs têtes malades et agitées dans le bienfaisant turban de l'islam.

- Comme ce cheik parle bien !" dit l'astrologue. ... [...]
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