AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Ecole_Itsuo_Tsuda


Parmi les idées reçues, la prédominante est celle qui considère l'homme comme une substance qu'il faut protéger contre le Mal.
Cette protection a pris une allure très scientifique à partir du milieu du XIXème siècle avec l'avènement de la méthode expérimentale dans la science médicale. Ce fut une étape qui a permis de nous affranchir du joug philosophique, théologique et empirique qui tenait l'esprit prisonnier jusqu'alors.
Cette discipline objective a abouti à la création de nombreuses spécialisations dont le langage est devenu impénétrable aux profanes.
L'homme est devenu une sorte d'appareil extrêmement compliqué comme un poste de télévision dont le mécanisme ne peut être compris que par des spécialistes. On ne sait plus ce qui se passe à l'intérieur de cette petite boîte mystérieuse qui s'appelle « le corps ». Tant que cet appareil fonctionne à souhait lorsqu'on appuie sur un bouton, ça va. Mais le jour où il donne des images floues et des bruits inhabituels, il ne faut pas s'amuser à tripoter dedans, parce que tu risques de tout casser.
Ainsi, on sort de l'asservissement au credo invérifiable pour tomber dans un autre asservissement à un corps vaste, impersonnel, industrialisé, administratif, dans lequel l'individu est réduit à la conscience d'être substance physico-chimique.
Il est vrai qu'on peut considérer l'homme en tant que substance physico-chimique, tout aussi bien que traiter les tableaux comme une certaine disposition de matières colorantes, ou la musique comme agencement d'ondes sonores.
Cela ne permet pourtant pas d'expliquer la différence entre Picasso et Matisse, celle entre Schubert et Chopin. On est introduit dans un univers où la sensation est condamnée. On cesse de comprendre tout ce qui se passe en dehors des analyses, des interventions mécaniques ou chimiques. Ce qui n'est pas admis par la science qui règle les rapports entre les matières sera traité de magie noire.
On passe d'une dépendance à une autre, d'une prison à une autre. On est ligoté par des interdictions, des contre-indications et on ne peut plus bouger sans avoir peur de tomber dans des pièges insoupçonnés. On n'est jamais libre.
La situation pourra changer le jour où notre attention, au lieu de rester rivée dans le respect des théories et prescriptions, sera dirigée vers ces données non conceptualisées de sensations.
p.142
Commenter  J’apprécie          00









{* *}