Le premier effort sérieux de colonisation dans la Nouvelle-France date réellement de Champlain. Avant lui, Jacques-Cartier s'était contenté d'explorer le pays; il avait reconnu les sites actuels de Québec et de
Montréal, revendiqué pour le roi de France, le droit du premier occupant sur cette terre du Canada.
A sa suite, Roberval avait bien essayé, en 1542, de jeter les bases d'une colonie à l'entrée de la rivière du Cap-Rouge, mais ses colons recrutés dans les prisons du Royaume périrent presque tous dans le premier hivernage et, l'année suivante, Cartier reconduisit en France le petit nombre des survivants.
Lorsqu'en 1908, on eut l'admirable pensée de récompenser celles des familles qui, après deux siècles, détenaient le lot de terre défriché par leurs ancêtres, ce n'est pas sans une joyeuse surprise que l'on vit deux cent soixante-treize chefs de famille, se présenter pour recevoir la médaille commémorative.
C'était la véritable noblesse du vieux Québec qui, en ce soir mémorable du 23 septembre 1908, se pressait dans la grande salle de l'Université Laval, la noblesse de la Charrue, comme l'appela si heureusement Sa Grandeur Mgr Paul-Eugène Roy, archevêque auxiliaire de Québec.
Un événement important allait imprimer un nouvel essor à la colonisation : c'est l'établissement de Montréal. Sous l'influence des Jésuites du Canada et des Relations qu'ils publiaient chaque année "la Société de Notre-Dame de Montréal" fut organisée. Jérôme Royer, sieur de la Dauversière, fut l'âme de cette société. Il trouva de précieux auxiliaires en un jeune prêtre, Jean Jacques Olier, qui devait fonder la compagnie de St-Sulpice et Pierre Chevrier, baron de Faucamps. La compagnie compta bientôt 30 membres.
En 1617, il a enfin son premier colon, Louis Hébert, un apothicaire de Paris, qui débarque à Québec, avec sa femme, Marie Rollet, son fils Guillaume, ses filles, Anne et Guillemette. Louis Hébert est sans contredit le premier agriculteur du Canada, le père, le noble, le courageux patron de tous ces hardis défricheurs qui ont abattu au prix de grands sacrifices, les arbres séculaires des forêts canadiennes, pour y enfoncer la charrue et retirer du sol la nourriture nécessaire à la vie du corps.