Ça me fait plaisir d’aller contre toutes les conventions et de mettre du récit, du discours et même des descriptions dans la poésie. Ou en tout cas dans le poème. (Tu sais bien que je distingue les deux et que pour moi le poème est une sorte de dispositif pour attraper la poésie, une sorte de grand carrelet (oui, c’est une espèce de filet, sauf erreur) que je lance sur la rivière, ou une nasse que je traîne dans la vase… On ne peut pas dire que je pêche à la ligne, non (il m’est plutôt arrivé de pêcher à l’explosif).
Toto et Sissi (en marge de Platon)
Pierre serait votre prénom sacrifié, pour reprendre le mot que vous utilisez à propos du problème de la gémellité. Qui sait si le prénom et le nom ne sont pas eux aussi des jumeaux ? Ainsi le problème de la gémellité serait celui d’apparaître à la fois prénommé et nommé. Prénom et nom seraient comme des siamois, les siamois de notre solitude et de notre silence.
S’ils coïncidaient, mètre et vers, le poème coincerait. Le vers est le principe de fluidité du poème, ce qui l’empêche de coaguler.
Quand un maçon construit un mur, après le travail achevé, il ne nous demande pas d’admirer sa truelle, il nous demande d’admirer le mur.
Rêve
Cette ruine est prise dans une matière transparente (ou une sorte d’échafaudage transparent ?) qui la protège et, en quelque sorte, la rend pérenne. L’effet est grandiose, le monument dégage une impression de puissance, ou plutôt d’autorité, extraordinaire. De plus la couleur ocre de la pierre est lumineuse, presque orangée, et reflète violemment l’éclat du soleil couchant.