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Citation de Nieva


Ce que l'on voit en fait, du moins en Australie, est plus intéressant. Les Australiens — les descendants des premiers colons (parmi lesquels j'inclus les colons involontaires, c'est-à-dire les forçats) — tout comme les immigrants qui ont accepté, pour affirmer leur nationalité, une origine coloniale spirituelle ou adoptive, ne renient pas leurs ancêtres. Au contraire, ils en sont fiers. Pourtant, en même temps, ils leur attribuent une violence et des cruautés envers les aborigènes qu'ils ne commettraient jamais eux-mêmes.

Les ancêtres dont je parle ne sont pas du tout lointains : un Australien d'âge moyen doit avoir eu des grands-parents dont l'attitude envers les personnes de couleur serait jugée de nos jours, selon l'euphémisme dominant, «inappropriée» — c'est-à-dire inacceptable, voire abjecte.

Comment, alors, les Australiens moyens concilient-ils la fierté que leur inspirent leurs pères avec le rejet des choses auxquelles ces derniers ont cru sincèrement ? Pour une part, en invoquant l'esprit du temps. «Jadis, à l'époque de nos ancêtres», dit l'histoire de l'esprit du temps, «le racisme était dans l'air comme une sorte de miasme omniprésent. En l'inhalant involontairement, nos ancêtres sont devenus, bon gré mal gré, racistes — mais pas au sens réel du terme, tel que l'était (disons) Hitler.»

J.M. Coetzee
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