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Citation de rkhettaoui


Simone rêve de devenir photographe et c’est malheureux parce que le numérique annihile cette possibilité. Surtout qu’elle n’a pas un immense talent. Difficile de se démarquer quand tout le monde passe son temps à prendre des photos. Les siennes ressemblent à ce que n’importe qui pourrait faire avec un appareil de 2000 dollars entre les mains. Ses parents la soutiennent, fiers d’avoir une artiste dans la famille. Elle photographie des ruelles, des pièces en désordre (notre salon), des chats, ce genre de choses. Elle crée aussi des mises en scène avec des gens nus et quelques sources communes de malaise : des vibrateurs, des têtes de porc, de l’argent, du sang. Elle va souvent chez le boucher. Elle n’a pas beaucoup d’imagination. Mais qui suis-je pour la juger, moi, la traductrice à cinq cennes ?

Je suis, littéralement, une traductrice à cinq cennes. À cette époque, c’est le prix que je facture pour chaque mot traduit. Je dévalue la profession, mais il faut bien payer ma part du taudis, d’ici à ce que j’obtienne un diplôme qui confirmera ce que je fais déjà. En attendant, je travaille pour ceux qui croient que de confier leur traduction à une étudiante au cégep est une bonne idée. La plupart de mes clients sont des agences de voyages, des salons d’esthétique et des concessionnaires automobiles. J’affiche mes services sur le babillard des cégeps, des universités et de quelques sites Web spécialisés. Je corrige aussi des travaux de session, mais ce n’est pas assez payant. Des étudiants, c’est cheap.
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