AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Partemps


9
Plus de distance entre l’Autre et le sujet, plus rien qui préserve, donc, d’une vertigineuse capture dans ce qu’Artaud appelle la « cruauté de Dieu », ou encore sa jouissance.
Tel est bien le nom qui sied au Dieu d’Artaud, du moins à ce « faux dieu » qu’il désigne
comme « l’érotique de l’inconscient » (XV-315), « la matière antéchrist que le Christ a
baisée » (XV-232), ou encore (au plus près de l’expérience souveraine de Bataille)
comme un « trou de catin » (XII-147) – car « je suis une pute quand je me sens Dieu »
(XVI-101). La gnose qu’il élabore à Rodez, avec la haine de la chair qu’elle implique
et son exigence de chasteté absolue, aurait avant tout pour fonction de le protéger de
cette jouissance divine. « Il ne faut pas en passer par la jouissance pour être, il ne faut
pas en passer par le transport de Dieu » (XVII-33), parce qu’une telle jouissance est
mauvaise, mortifère : qu’elle est la Mort elle-même. Passe de mort où se confondent,
indissociablement, l’impossible du rapport sexuel (« la copulation n’est qu’une niaiserie de divisés qui veulent se rejoindre »…), le déchirement d’une naissance avortée et
la détresse d’une agonie. Cela même qu’Artaud nomme l’affre ou le spasme, ce
« spasme auquel la mort veut nous plier » (XXVI-233), ce « crime de l’homme et de la
femme unis et qui tirent une âme insigne (…) / dans la niche où se font les morts, / un
corps frétillant sur l’abîme, / neuf d’être sorti d’un mort (…) / parce que le corps / bat
la fredaine / obscène des spasmes de la copulation d’un mort » (XIV*-116-117).
Commenter  J’apprécie          10





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}