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Citation de J-line


J-line
05 décembre 2011
L’odeur terreuse est sans rappel. Peut-être s’ouvre-t-elle de loin en loin sur une traînée saline discrète et éphémère - qui fait rêver. Mais l’esprit bien vite se raccorde au présent, sans effort en ce lieu qui l’attire et le piège. Car l’abord est tout d’ultra : ultra massif, ultra pesant et, singulièrement, ultra protégé.
Ainsi ou avant tout, il y a les gorges, majestueuses ; épinglant la lumière et happant le regard pour le propulser vers le ciel épuré. L’espace sidéré y dévale sans arrêt ni rebond jusqu’au fond : vertige et frissons. Frissons encore, presque brûlants : à perdre le nord, à perdre haleine, les falaises font bloc – emprisonnant les courants, étouffant les bêtes et les hommes. Elles se déroulent comme une cordillère prenant à sa toile les corps et les âmes - entre ici et ailleurs. Un peu de légèreté pourtant, qui surprend : les argiles asséchées et les calcaires laiteux s’y unissent, laissant les ocres s’essayer à un patchwork titanesque - une palette sans artiste pour une œuvre unique.
N’empêche, quoi que l’on fasse, la vue s’arrête ou s’éblouit. Tout vibre; même l’air qui s’y cogne et s’y plie, entraînant les arêtes dans ses ondulations alanguies. Là, à midi, ruisselante de soleil, tout en miroir mangé par l’azur, la roche éventrée fait pont : du ciel à la terre. Et le lit desséché de la rivière se livre tel un serpent mort.
Si les yeux s’en délient, reste l’horizon. Tout là-bas, ton sur ton, la mer y gonfle son ventre devenu stérile. Au fond, le sable et les galets s’écrasent pour former un cimetière de coquillages où blanchissent quelques ossements ; cette gueule ouverte souffle en silence une chaleur devenue meurtrière. L’infime alors attrape l’attention, et la cheville: troublé en son éternité, le corps momifié d’un cormoran s’agite (…)
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