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Citation de J-line


J-line
11 décembre 2011
L’hôtel est isolé dans l’espace saisissant d’une immensité sans retour. Invisible aux absents, il remplit de sa présence monumentale les sens de ses hôtes de passage. Des voyageurs sans papier ni destination s’y posent – sans vouloir ou sans vraiment savoir, partageant pour un temps le vin aigre des solitaires.

La fille court sur la voie étroite.
L’instant d’avant, elle était au chaud; maintenant elle fuit la rugosité glaciale d’assaillants sans visage. Et court ; contre sa peur, pour sa vie.
Jeune, longiligne, jolie sans doute, elle apparaît vulnérable comme une biche aux abois.
Panne sèche, saleté de bouchon...
Souffle haché, bronches sifflantes – danger!
Danger de la nuit, danger inconnu.
Son cœur depuis longtemps affolé joue une partition saccadée. Et les coups frappent fort, beaucoup trop fort. Dans sa poitrine, son ventre, ses tempes. Ils envahissent son crâne d’une résonance douloureuse. Ses jambes tremblent– un pas, encore un, un de plus. Tout ça à cause d’une mouche ; qui s’était posée sur le bord d’une tasse ; que sa mère avait chassée, envoyant valser la petite cuillère à trois ou quatre mètres et faisant éclater de rire un tout jeune homme. Qui la lui avait rendue, l’avait suivie, l’avait aimée. Et qui depuis avait dit «oui» à tout : à sa mère d'abord, à elle enfin - et à cette vieille bagnole qui lui plaisait tant.
… cinq… six… sept…
Elle compte ; pour tenir. Alentour tout est noir. Les ténèbres s’accrochent minutieusement aux branches, les noyant dans une coulée insaisissable. Venu de nulle part, un oiseau, hibou, chouette, qui sait, lance une plaine inutile au ciel bouché. C’est lugubre, éprouvant.
... huit… neuf…
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