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Citation de enkidu_


Einstein l’a dit sans détour à son étudiante Esther Salaman : dans ses équations, il ne cherchait rien d’autre qu’à connaître la pensée de Dieu. Ses contemporains, pour leur part, manifestèrent en maintes occasions leur désir de connaître la pensée d’Einstein sur Dieu ; parmi elles, celle du 14 février 1927. Ce soir-là, à Berlin, avec Einstein, l’éditeur Samuel Fischer a invité à sa table l’écrivain Gerhart Hauptmann et le critique Alfred Kerr. La conversation tourne un instant autour de l’astrologie. Soudain, Kerr s’emballe : « Comment ? Ce n’est pas possible ! Je dois lui poser la question sans attendre. Professeur ! J’apprends que vous êtes supposé être profondément religieux ? » Avec calme et dignité, Einstein répond : « Oui, vous pouvez dire cela. Essayez de pénétrer, avec nos capacités limitées, les secrets de la nature et vous découvrirez que demeure, derrière les concaténations observables, quelque chose de subtil, d’intangible et d’inexplicable. Sentir que derrière tout ce que peut appréhender l’expérience, se trouve un quelque chose que notre esprit ne peut saisir et dont la beauté et le sublime ne nous touchent qu’indirectement sous la forme d’un faible reflet, c’est le religieux. Dans ce sens, je suis religieux. » Une confession, un credo parmi tant d’autres que prononça et écrivit Einstein qui souligne, non pas pour s’opposer à sa réponse à Esther Salaman mais plutôt pour la compléter, comment son attitude, qu’il qualifie de religieuse, trouve ses racines dans la démarche scientifique, dans la recherche des secrets de la nature.
(...)
La vision d’Einstein n’est donc pas dénuée de matérialisme, ni, nous l’avons vu, d’un profond déterminisme ; cependant, à l’école de Spinoza, proche aussi de Démocrite et d’Épicure, le savant reconnaît dans la structure même du monde l’empreinte d’une volonté supérieure et divine. Une empreinte si profonde qu’il ne reste pour seule issue à l’être humain que le renoncement à toute prétention à la liberté : « Je me refuse à croire en la liberté et en ce concept philosophique. Je ne suis pas libre, mais tantôt contraint par des pressions étrangères à moi ou tantôt par des convictions intimes. Jeune, j’ai été frappé par la maxime de Schopenhauer : “L’homme peut certes faire ce qu’il veut mais il ne peut pas vouloir ce qu’il veut” ; et aujourd’hui face au terrifiant spectacle des injustices humaines, cette morale m’apaise et m’éduque. » S’il existe une liberté, il s’agit de celle acquise vis-à-vis des désirs égoïstes ; s’il existe une libération, seule la reconnaissance d’un Être suprême permet de l’opérer et non l’adhésion à une religion.
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