AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de enkidu_


Les travaux de construction du Temple s'achèvent à coups d'impôts et de travail forcé. Son inauguration est l'occasion de grandes cérémonies pendant lesquelles on prie et offre des sacrifices – des taureaux –pour le bonheur de chacune des soixante-dix nations peuplant le monde. Dans sa prière inaugurale, Salomon lui assigne d'ailleurs une vocation universelle : « Afin que tous les peuples de la Terre reconnaissent Ton Nom… » (I Rois 8, 43). Texte essentiel pour l'avenir : le peuple hébreu ne peut être heureux si les autres ne le sont pas. Peuple élu, ses richesses n'ont de sens que si elles contribuent à la richesse de tous les autres. Rien n'est bon pour les Hébreux s'il n'est bon pour les autres, et toute richesse doit être partagée avec le reste du monde : un coin du champ est ainsi réservé aux étrangers qui peuvent librement venir récolter le fruit du travail du paysan hébreu.
(...)
Au total, dans le Talmud, se cristallise le fondement de la pratique juive de l'économie : rien n'est bon pour les Juifs si ce n'est bon pour les autres également. Ils ne peuvent donc vivre heureux dans un environnement qui ne l'est pas. Aussi leur appartient-il de « réparer le monde » (tikoun olam), car le monde est, dit la Mishna, le résultat d'une « brisure de vases ». Le rôle du peuple juif est d'aider à le réparer, en étant solidaire de tous les autres hommes.

On trouve trace de cette exigence altruiste dans de très nombreux commentaires. Ainsi le Talmud se demande-t-il comment les Juifs doivent aimer Dieu. Réponse : en faisant en sorte, par l'exemplarité de leurs actes, par l'altruisme de leur conduite, que les autres hommes aiment ce Dieu qui pousse Ses fidèles à une telle attitude.

On l'a vu, celui qui cultive un champ doit en laisser une partie des fruits aux étrangers. D'où aussi l'obligation d'honnêteté, l'interdiction de se livrer à la fraude et de commettre des actes nuisibles aux tiers – Juifs comme non-Juifs –, d'exploiter ou d'aliéner qui que ce soit. D'où encore l'obligation de bien recevoir les étrangers, de ne pas oublier qu'un jour on a été – ou que l'on peut devenir – un étranger. D'où enfin l'obligation d'ajouter aux biens du monde, et non de soustraire à ceux des autres. En conséquence, l'économie ne consiste pas à prendre aux voisins des richesses, mais à créer des richesses nouvelles, pour ne priver personne de son bien. D'où l'importance des biens fertiles, qui créent des richesses : la terre, l'argent, l'intelligence.

Là est la fonction de l'« élection » (Exode 19 et Deutéronome 26), qui impose au peuple juif des devoirs, librement consentis, et d'abord celui de rendre les autres heureux, trouver son bonheur dans le bonheur des autres. Rabbenu Hananaël dit : « Les Juifs ne sont jamais mieux que quand les autres sont eux-mêmes mieux. » (pp. 53 & 165-166)
Commenter  J’apprécie          20





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}