Visage d’ambre
Visage d’ambre ventre de jade épouse d’amertume
Le couple royalement regardait descendre des fleurs de
pierre
et de prières et d’hommes et de femmes pour l’heure
dépareillés
Ô visage de flamme ventre de femme consommation du
jour
Ourle encore dans le secret la triple torsade celle des
parfums
celle du serpent celle du poisson dans la main
Nuit pleine et submergeante et me couvre
Mon ombre mon ongle mes yeux mon autre comme l’eau
comme l’herbe comme le feu
Nous unissant du bout des doigts seuls dans la plus haute
lumière.
BOULE DE CRISTAL
I
Doux foulard du soir pour la blessure de mon cou
Les évadés du bonheur n’en possèdent
Les miraculés
Qu’un souvenir charmeur quand la mer danse dans les
anses et le vent dans les cheveux merveilleux
II
Les barques rentraient
les filles couchées sous les carènes
Les mâts nus voiles roulées soigneusement
Chantaient
La lumière pâlie aux innombrables lèvres
III
Luxuriance
Moire
Somptuosité
Très forte frayeur sur les blés
Ciel noir amer comme le pain des caves
Éclatement d’opium dans le cuivre
Excessive épouse
Dragon fabuleux sur les khlong
Écharpe de vraie soie
Derrière les statues gong
Neige
Sans trace avec lumière
ÉCHANGE
Alors le Prince parla sur l’entablement
Et dit des choses inouïes des choses inaudibles
Pour tous dans le secret de leur âme
De l’oiseau de la pierre et que le monde retourne vers la
femme
Comme la pluie vers la mer
Ainsi parlait pour la risée le lépreux dans sa langueur et
c’était
Un autre dire dans le silence sur ses pas
Chacun murmurait de soi des poèmes maladroits et les
prenait
la peur aussi la haine de se rencontrer
Car ils ne savaient pas du même savoir
Et de la même horreur et désolation comme un désert
parmi nous
Venaient à son oreille d’obscures confessions des souterr-
ains de rage des râles les compromissions les marchanda-
ges les crimes de l’amour douleur et souillure de l’amour
Libère-nous écoute-nous accueille ce calice trop léger pour
nous
Dans la honte et l’attendrissement et l’orgueil de la honte
Et s’en retournaient crachant des injures
Ô monde fermé crâne rasé jardin des olives avec sa
clôture de barbelés
Cellule des cœurs racines du cœur si profond blessé
Regards de crocodiles dans l’ombre du langage
Destruction destruction blancs poids des pôles sur quoi
nous démange
Ô temps mort comme un oiseau mort sur la margelle