Apprenons à chanter
avec les dunes
marchons avec les forêts
les prés
laissons voyager
les maisons
les saisons
l'instant de l'oiseau est roi
notre peuple passager
bâtira l'océan
de sa seule flûte d'oyat
la plume est donnée
pour rêver le vent
J'aspire au langage des chemins de rage.
Je veux chanter la trêve de mes fissures. Au nom du poing à lever, prendre la rue avec la main ouverte pour dessiner des points libres. Brûler les portes pour dire la beauté de cendre dans l'éclat du verre nouveau. Fuir front nu pour revendiquer soleil.
Là sera mon chant de traversée.
Je bois aussi par à coups
toujours dans le même verre
En attendant que l’on me serve !
Que la musique me brûle !
Qu’elle vocifère ou murmure c’est selon…
Qu’elle croque ce bout de racine trempé !
L’écrit se prend ainsi tout décousu
Tout penaud d’avoir fait sous lui…
Dehors c’est dedans !
Un corps cela se vide
Au cimetière du devoir accompli
Et des bonnes mœurs lavées
Dans ces moments d’honorables orgies
L’écrit n’est plus par à coup
Il s’étale et se vautre sur le sable de la page
Un auteur reste un auteur, un poète reste un poète. Un revuiste non. Il ne l'est que transitoirement. Que sa revue s'arrête ou demeure suspendue...il ne l'est plus.
Le revuiste vit essentiellement en poésie. Le travail de la revue l'accaparant. Beaucoup de ses activités tournent autour d'un seul et même sujet. Tout le reste demeure périphérique.
Un milan plane au-dessus de ma tête
j’ai l’insomnie lourde cette nuit
Je me rattrape aux branches parce que je suis jeune
l’odeur des camphriers est un baume pour le cœur
Déjà le jour filtre sous le rideau lourd
on ne peut pas rêver toujours son enfance
Que feras-tu Gaspard de ta journée
si aucun poète ne te réclame
Si tu ne naquis d’aucun Dieu ni ne tins dans aucun bras
si la paille est lourde et la pierre légère
dans ta main qui déjà se dissout dans la rivière.
J’écris par à coups ces gueules ensoleillées
qui me poussent dans le crâne
Je marche par à coups
sur un art depuis longtemps désossé
Un art qui ne tient plus qu’à la mémoire perdue
de quelques fidèles vieillissants
Un art où j’ai mon banc de peine…
La marée n’est jamais vraiment au rendez-vous
Insaisissable elle rebondit
Jamais au même endroit
Sur la grève de nos idéaux arraisonnés…
au coup par coup !
Un craquement
C’est un mot qui s’écrit
Un mot blanc comme une prison modèle
Clinique…