AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de coco4649


                              LE GEAI
  
  
  
  
Dans le creux du vallon comme au fond d’une boîte
Que l’automne a rempli d’un épais tampon d’ouate,
On dirait en bois les abois des chiens sanglants.
Au-dessus de Limours je ramasse des glands
Pour le geai réputé farouche et difficile
Et qui n’en a pas moins élu pour domicile
À Paris un des grands platanes de ma cour.
Le matin quelquefois on l’entend qui discourt
Avec sa fougue acariâtre de crécelle,
Mais du bleu sous le brun de sa bure étincelle,
Et rouvre l’œil en or insondable des chats.
Je l’ai vu qui piquait sur leurs ronds de pachas
Roux et gris se donnant une allure distraite :
A la fin cependant ils battent en retraite
Jusque sous les fusains, puis, en catimini,
Ils guettent de nouveau le feuillage où le nid
Se dissimule. Mais, je dois le reconnaître,
J’ai souvent soutenu l’oiseau, de ma fenêtre,
En projetant sur ces félins divers objets.
Faut-il aider aussi les victimes des geais
Et, de fil en aiguille, avec cette logique,
Intervenir dans le déroulement tragique
D’une histoire où toujours un mangeur est mangé ?
Mais qui mange du chat, d’habitude ? Si j’ai
Humé plus d’une fois, sur des tables chinoises,
Des ragoûts aux saveurs légèrement sournoises,
Ce ne fut qu’une entorse à l’ordre naturel.
Nous-mêmes, c’est le temps qui nous mâche et nous ronge
Les dieux mangent du temps, mangés par le mensonge.
(Mais ne nous perdons pas dans cet universel.
Que mon poème soit un simple grain de sel
Sur la queue agile du geai, quand il m ’honore
De son éclair céleste et de son cri sonore.)
Commenter  J’apprécie          80





Ont apprécié cette citation (7)voir plus




{* *}