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Critiques de Jacques Werup (1)
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Les voyages de Shimonoff

Elias Benshoam Shimonoff est un jeune bulgare qui vit à Varna au début du siècle. Issu d'une famille séfarade très attachée à ses racines judéo-espagnoles, il souffre du poids des traditions, étouffe sous l'autorité de son père, et décide de quitter la Bulgarie. L'adolescent polyglotte prend la route de manière hasardeuse, traverse des épreuves, croise des hommes et des femmes généreux, apprend de ses rencontres et de ses échecs. Istanbul, Trézibonde, le Caire, Londres, Paris, Malmö…. Mu par un grand appétit de vivre, et un fort désir d'émancipation, Elias traverse les nations, les guerres, l'existence, en oubliant l'essentiel: qui il est vraiment, d'où il vient, qui sont les siens, au risque de se perdre.



C'est la photo de couverture et la tenue du jeune homme qui m'ont poussée à lire ce roman d'un poète et romancier suédois, Jacques Werup, dont je n'avais jamais entendu parler.

Werup s'est inspiré de l'histoire de son grand-père séfardita, originaire de Varna qui devint en Suède un commerçant prospère dans l'exportation des tapis d'Orient après avoir connu la précarité.

Si la trajectoire de Shimonoff, qui poursuit son petit bonhomme de chemin au milieu d'évènements souvent tragiques, à la manière d'un Candide oriental -« L'optimisme c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal »- est assez fascinante, c'est son amnésie volontaire que l'on retient. Plus les kilomètres l'éloignent de sa Varna natale, plus il tourne le dos à sa famille, à sa communauté, à sa langue, au judaïsme, changeant même de patronyme, et ne tendant pas la main aux siens. Ce n'est qu'au crépuscule de sa vie qu'il se souviendra de l'enfant qu'il fut, et de Varna.



Il faut lire entre les lignes de ces Voyages de Shimonoff cette question lancinante, doit-on oublier pour survivre à l'exil, de quoi nous sommes faits?

En dehors de cette thématique, c'est toute la première partie consacrée à la Bulgarie, à l'Empire Ottoman, à la complexité de la poudrière de l’Europe, qui a retenu toute mon attention. Plus le personnage s'en éloigne, et plus mon intérêt faiblit. La partie consacrée à la Suède et à la nouvelle famille qu'il a construite m'a semblé sans saveur. En se débarrassant en cours de route de tout ce qui faisait de lui Elias, natif de Varna, il n'est plus qu'un étranger qui tente par tous les moyens de se fondre, de se dissoudre. C'est donc surtout les pages consacrées à la communauté judéo-espagnole des bords de la Mer Noire qui m'ont passionnée. Laminée pendant la guerre, cette culture est partie en fumée.

« A cette époque, c'était une croyance répandue parmi les Espagnols qu'une maison, une vie que l'on avait quittées, resteraient toujours intactes à condition qu'on en porte toujours la clé sur soi. Les Juifs espagnols observaient consciencieusement cette coutume, depuis l'époque où ces Espagnols, expulsés dès le quinzième siècle de leurs maisons, en avaient transmis les clés par héritage; le miracle s ‘était effectivement réalisé: quand leurs lointains descendants étaient retournés au foyer de leurs aïeux en Espagne, les clés avaient parfaitement fonctionné dans les serrures, trois ou quatre cents ans plus tard! »
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