Dès son acceptation de conduire la Jacquerie, Guillaume Carle a envoyé une délégation auprès de l'échevinage parisien ; le but de l'ambassade était d'informer le prévôt des marchands des événements en cours, ainsi que des raisons qui ont provoqué le soulèvement du Beauvaisis, de lui faire comprendre que les châteaux qui terrorisent les campagnes sont aussi les noeuds d'un réseau serré d'où peut partir, sur un ordre du régent, l'attaque générale contre Paris, de le persuader enfin qu'à l'ennemi commun devrait être opposée une totale communauté d'action. À pareille requête, qui leur apprend l'entrée des Jacques en campagne, le prévôt des marchands et ses amis se réjouissent ; sous prétexte d'apporter son aide aux paysans qu'au fond de lui-même le grand bourgeois méprise, il va pouvoir anéantir systématiquement les forteresses qui constituent en ceinture de Paris une permanente menace braquée sur la ville. En utilisant à plein le concours des Jacques, il rencontre sa meilleure chance de briser les intentions agressives du [Dauphin et régent], en démolissant ses relais et en interposant entre son ennemi et lui la barrière enflammée des villages en révolte.
P. 199-200, sur Étienne Marcel et la révolte paysanne de mai et juin 1358, appelée la Jacquerie.