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Critiques de Jacquy Chemouni (3)
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La conversion : de la psyché au soma

« De toute façon, tout ça, c’est dans sa tête », « A chaque fois, c’est la même chose, elle somatise »… ces phrases, elles courent les rues. Elles recouvrent la notion de « psychosomatique » qui semble assimiler, dans un langage courant, chacun de nos petits maux à une origine psychologique. Par ailleurs, j’ai souvent entendu des diagnostics médicaux qui estampillent « hystérique » tout symptôme (féminin de préférence) sans origine lésionnelle, virale ou bactérienne avérée. Est hystérique ce qui n’est pas organique, et ce jusqu’à preuve du contraire… Ce qui, outre la disqualification des souffrances ressenties que cela entraine, contribue à entretenir un grand flou autour des liens existant entre la psyché et le corps. Alors que certains spécialistes ne jurent que par les sciences cognitives et l’imagerie, que d’autres disent que tout part du ventre, j’ai eu envie de comprendre ces concepts du point de vue psychanalytique et d’en apprendre plus sur la construction historique de ces notions. Bien motivée, j’ai donc entrepris cette lecture.

Le cheminement du livre m’a paru clair, si on considère qu’il s’agit d’un livre traitant de psychanalyse… Même si ce n’est pas haletant, c’est lisible. J’ai apprécié aussi que le propos soit toujours historiquement contextualisé et que les concepts soient toujours reliés aux conditions de leur émergence.

J’en ai retenu que l’hystérie ne pouvait se concevoir sans la conversion et que cette dernière consistait à dériver une partie de l’énergie qu’un trauma psychique avait empêché de s’écouler vers une expression corporelle afin que la tension psychique soit ainsi soulagée. D’un côté le patient refoule dans son inconscient ce que son moi ne peut concevoir ni supporter, de l’autre, il transfère une partie de l’énergie bloquée sur le corps afin de favoriser une expression sans danger pour lui. L’expression corporelle, somatisation, est alors toujours symboliquement reliée à l’origine du traumatisme. L’endroit du corps qui aura été choisi pour héberger le symptôme devient signifiant et peut être décrypté dans une cure thérapeutique. Ça c’est pour les structures hystériques.

Par ailleurs, l’auteur montre que les psychanalystes donnent une place différentes aux autres symptômes qui ne relèveraient pas de cette structure : soit que les parties du corps touchés apparaissent arbitraires ou du moins non lisibles en cure, soit qu’il n’y ait pas de refoulement associé. Ce n’est alors plus d’une névrose hystérique qu’il faut parler mais d’une névrose actuelle (celle des traumatisés de la Grande Guerre par exemple, sur laquelle a réfléchi Freud à la fin de sa vie), voire d’un trouble qui ne doit alors rien à l’expression problématique d’une psyché en souffrance. Le terme même de « psychosomatique » renvoie quant à lui, et selon les praticiens, à des conceptions très variées de l’étiologie du mal et, par conséquent, à des traitements thérapeutiques très différent. Et honnêtement, j’ai eu toutes les peines du monde à trouver les distinguo proposés absolument clairs et probants.

L’ensemble du livre m’a donc éclairée et laissée sur ma faim. J’ai l’impression que notre langage courant a tout à la fois galvaudé et surinvesti le champ du psychosomatique. A nous entendre, tout en relève sans que cela ait jamais la force d’un conflit psychique hystérique au sens freudien du terme. D’ailleurs, cette seule notion de conversion hystérique apparait bien difficile à appréhender clairement à travers les écrits de Freud puisqu’il y fait souvent allusion, complète au passage ses définitions quitte à paraître parfois en contradiction avec lui-même, mais ne produit jamais une somme définitive sur la question. Et aucun de ses continuateurs n’a arrêté une théorie totalisant l’ensemble de la problématique. Ce qui laisse le champ libre aux diverses exégèses mais aussi aux contradictions insolubles.

J’ai également été gênée par l’approche exclusivement psychanalytique de l’ouvrage. C’était le postulat de base, ce n’est donc pas une faiblesse du livre mais j’aurais bien aimé que soient convoquées d’autres conceptions complémentaires pour réfléchir sur la conversion en sortant du récit psychanalytique de l’hystérie. Il me semble en effet que les relations étroites entre ce qui est éprouvé psychiquement et ce que le corps exprime sont un terrain bien trop vaste pour être seulement contenu dans la fiction hystérique d’une scène primitive mal digérée.

Finalement, je suis contente d’avoir des connaissances plus précises pour comprendre que tout ceci est encore très flou…

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Pour introduire le narcissisme

A première vue, l'oeuvre de Freud paraît très complexe et ne semble pas facilement compréhensible.



Mais "Pour introduire le narcissisme" éclaircit tout de suite les pensées de ce grand fondateur de la psychanalyse. Du narcissisme aux souvenirs de l'enfance en passant par la libido, tout est expliqué clairement.

Le mythe de narcisse est bien relaté et comparé aux textes de Freud. Les concepts du psychanalyste sont accompagnés par quelques commentaires qui agrémentent cet ouvrage complet.



Aussi, ce livre possède un glossaire qui permet une compréhension rapide. "Pour introduire le narcissisme" est parfait pour tous ceux et celles qui ont toujours été tentés par l'oeuvre de Freud mais qui n'ont jamais lu un de ses livres par manque d'éclaircissement.
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Pour introduire le narcissisme

J'avais déjà lu des ouvrages de Freud, notamment son Introduction à la psychanalyse que j'ai trouvé très accessible. Freud a toujours chercher à partager ses conceptions avec le plus grand nombre et ce en utilisant un vocabulaire adapté. J'avais déjà quelques notions sur le narcissisme mais rien de bien détaillé, cet ouvrage a été l'occasion d'approfondir mes connaissances sur ce sujet.



Ce manuel se divise en trois parties. La première resitue Pour introduire le narcissisme dans son contexte. Lorsqu'on lit Freud, il est important de savoir la date de publication voir d'écriture du livre que l'on a entre les mains. En effet, au fil du temps Freud a modifié ses différentes conceptions et théories. Il s'autocritique, se corrige au fur et à mesure de son cheminement. On peut alors avoir l'impression d'une œuvre contradictoire.

Cette première partie de l'ouvrage permet notamment de faire le point sur ce que Freud a pu dire sur le narcissisme avant la publication en 1914 de Pour introduire le narcissisme. Elle nous présente également les points de vue des auteurs opposés à Freud, en particulier celles de ses anciens disciples. Ceci est important car dans le présent ouvrage, Freud répond à ces critiques. Sans les précisions de la première partie, on peut alors se sentir perdu.

J'ai donc trouvé cette première très utile, elle est essentiel même. Cependant, je l'ai trouvé assez complexe, difficile d'accès. Le vocabulaire utilisé n'est pas à mon avis à la portée de tout le monde et les éléments psychanalytiques ne sont pas toujours aisés à appréhender.



La deuxième partie est le texte de Freud en tant que tel, remis à jour par une nouvelle traduction. J'ai trouvé ce texte plus compliqué que les précédents que j'ai pu lire du psychanalyste. Il tente de nous présenter sa nouvelle conception qui vient s'ajouter à celle du développement libidinale. On sent bien que le narcissisme est encore une idée assez vague pour Freud, cela manque de précision. J'ai notamment eu du mal avec la théorie des pulsions, qui a subit plusieurs modifications, et ses idées sur la libido. Entre pulsions du moi, pulsions sexuels et libido du moi, libido d'objet, on a tendance à s’emmêler les pinceaux.

Par contre, j'ai apprécié en savoir un peu plus sur les idées de Freud concernant les relations amoureuses.



La troisième partie est un ensemble de commentaires paragraphe par paragraphe du texte de Freud. J'ai trouvé ces commentaires très éclairant. Ils m'ont permis notamment de me remettre en mémoire et de mieux comprendre la métapsychologie de Freud. Les différents rappels sont vraiment très utiles. Ces commentaires remplissent bien leur rôle d'explicitation du texte de Freud. J'avoue néanmoins que j'ai encore eu du mal à m'y retrouver dans la théorie des pulsions. Le paragraphe sur l’hypocondrie m'a paru également assez complexe.



En commençant ce livre, je me suis demandée si je devais lire tout le texte de Freud puis les commentaires ou lire chaque paragraphe suivit de son commentaire. J'ai fait le choix de lire tout dans l'ordre, c'est-à-dire d'abord le texte puis les commentaires. J'envisage de faire plus tard une seconde lecture cette fois chaque paragraphe associé à son commentaire pour encore plus de compréhension. J'ajouterai également que pour bien appréhender ce livre, il faut le lire doucement, prendre le temps de bien comprendre chaque phrase sinon on s'y perd assez rapidement.



Pour conclure, cette ouvrage en trois parties est une très bonne idée. Il permet notamment de remettre l’œuvre de Freud dans son contexte pour une meilleure compréhension. Les commentaires permettent de mieux comprendre Pour introduire le narcissisme, d'approfondir les idées de Freud. En bref, un ouvrage essentiel pour ceux qui veulent comprendre la conception psychanalytique de Freud.
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