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Citation de Boblinux


Il devait être à peu près onze heures ; c’était par un matin de mars ensoleillé et je roulais vers la résidence de Santa-Rosa où son propriétaire, Jay Franklin Cerf, m’attendait.
Je n’étais pas au bureau quand il avait appelé, mais Paula Bensinger, qui se charge de mes affaires et qui se chargerait bien de moi si je n’ouvrais l’œil, lui avait assuré que je serais chez lui une heure après. Il n’avait pas donné la moindre explication sauf qu’il s’agissait d’une chose urgente et confidentielle, mais le fait qu’il était propriétaire de Santa-Rosa suffisait largement à Paula. Il faut de l’argent pour s’offrir une propriété comme celle-là et l’argent a toujours eu le don de mettre Paula dans tous ses états.
Quand j’arrivai au bureau elle avait déjà farfouillé partout pour obtenir des précisions sur Cerf et pendant que je rectifiais ma tenue, elle me raconta tout ce qu’elle avait appris sur lui, en relisant notre collection de coupures de journaux se rapportant aux personnalités d’Ocean-City. Cerf était président de la Red Star, une immense entreprise de transport et de navigation qui couvre toute la côte du Pacifique. Il était veuf depuis deux ans, sa femme avait été tuée dans un accident de voiture, et sa vie privée était à peu près aussi folâtre que celle des momies du musée d’Ethnographie. Récemment, il avait épousé un mannequin, et d’après Paula c’était à ce sujet qu’il voulait me voir. Quand un homme aussi vieux et aussi riche tombe amoureux d’un mannequin, m’apprit Paula, toujours cynique, et qu’il est assez poire pour l’épouser, il est sûr d’être cocu.
Mais au cas où ça ne serait pas sa femme qui lui causerait des ennuis – Paula est une fille qui a toujours une théorie de rechange toute prête – alors ce serait probablement sa fille : Nathalie, une petite garce de vingt ans, estropiée dans l’accident où était morte sa mère et qui récoltait des ennemis aussi facilement que son père récoltait les dollars.
— Ce gars-là est plein aux as ! conclut Paula avec cette lueur d’envie qui passe automatiquement dans ses yeux dès qu’il est question d’argent. Et ne va pas le laisser s’imaginer qu’il nous aura pour des haricots. Maintenant grouille-toi. Il ne s’agit pas qu’il change d’idée.
— A t’entendre, on croirait que c’est toi le patron de cette turne ! – Plein d’amertume, je gagnai la porte. – Colle un ruban de rechange sur ta Remington ; je me charge du reste.
— Je te ferai remarquer qu’il n’y a que moi qui gratte ici ! rétorqua Paula, remontée à bloc. Et si ce n’était pas…
Mais j’étais déjà au milieu de l’escalier…
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