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Citation de Le_Marre_Patrick


Quelques minutes après dix-huit heures, un jeune homme d'aspect malingre entra dans la boutique de Sadu Mitchell. Il portait une petite valise en mauvaise état, renforcée par des coins de métal : le genre de bagage utilisé par les colporteurs. Le teint pâle, malsain, faisait penser à un ventre de poisson mort depuis huit jours ; les petits yeux noirs sautaient d'un côté à l'autre ; l'air soupçonneux était celui d'un homme à la conscience trouble. Il avait dix-huit ans, tout en en paraissant vingt-cinq ou trente, et se déplacait avec les mouvements sinueux, ondulants, d'une vipère.
C'était Jojo Chandy, né à Marseille, de père barbeau et de mère inconnue. Le père avait été suriné dix ans plus tard, mais Jojo n'en avait pas autrement souffert. Il gagnait honnêtement sa vie, à cette époque, comme rabatteur d'une noire prostituée, à qui une remarquable technique professionnelle valait à la fois l'admiration du jeune voyou et la fidélité des clients. A dix-sept ans, lorsqu'il eut mis quelque argent de côté, il "monta" à Paris, où, pensait-il, un jeune homme de son mérite trouverait pour ses talents de meilleurs débouchés qu'à Marseille. En cela, il se trompait. La police parisienne ne sympathisait pas avec les maquereaux ; il fut si souvent arrêté et battu comme plâtre qu'il se décida à changer de métier et s'embaucha comme plongeur dans un restaurant oriental. Individu vicieux, totalement amoral, dépourvu de toute notion du bien ou du mal, Jojo vivait pour l'argent. Ni le danger, ni la vilenie ne le rebutaient, pourvu qu'en fin de compte il en tirât profit. Il jouait sa vie, sachant qu'en ce bas monde l'on n'a rien sans rien, et ne s'en souciait pas trop
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