AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de ladesiderienne


C'était comme ça à la maison, quand je disais : « Je m’embête », papa me tapait sur les doigts : « On ne dit pas “je m’embête”, Blandine. On dit “je m’ennuie”. »
Les s’il te plaît et les merci, suivis du nom du destinataire, étaient une question de survie : sans eux, on n’obtenait rien.
Durant les repas – nous étions cinq autour de la table, deux parents et trois enfants –, les interdictions étaient plus nombreuses que les bonnes choses dans nos assiettes. Défendu de mettre les coudes sur la table, de boire sans s’essuyer la bouche avant et après : deux fois ! De manger avec les doigts, sauf les asperges et les bananes. Dommage, les asperges, on n’aimait pas tellement alors que pour les frites, ç’aurait été épatant d’avoir la permission – on ne disait pas encore « super » ni « extra ». Défendu de saucer sans piquer son pain avec sa fourchette, d’ailleurs, les enfants les mieux élevés ne sauçaient pas du tout. Le matin au petit déjeuner, défendu de tremper sa tartine beurrée dans son chocolat au lait. Nos parents prenant leur café dans leur chambre, nous trempions quand même mais le plaisir était gâché par la peur de les voir entrer et quand le pain tombait dans le bol on entendait comme un « ça t’apprendra » soufflé par notre conscience.
Et tout ça, les s’il te plaît et les merci, les asperges, saucer avec son pain, ne pas tremper, nous permettrait d’être considérés comme des enfants parfaitement éduqués et, plus tard, considérés tout court car nos excellentes manières nous ouvriraient les portes de la société, même les plus fermées.
C'était pour notre bien.
Commenter  J’apprécie          30





Ont apprécié cette citation (3)voir plus




{* *}