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Citations de Jean Arp (34)


Jean Arp
BESTIAIRE SANS PRÉNOM

l'éléphant est amoureux du millimètre
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
l'escargot est fier
sous son chapeau d'or
son cuir est calme
avec un rire de flore
il porte son fusil de gélatine
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
l'aigle a des gestes de vide présumé
son pis est rempli d'éclairs
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
le lion porte une moustache
en pur gothique flamboyant
et des souliers pâles et purgés
comme un néo-soldat
après une défaite de lune
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
la langouste descend du mât
échange sa canne contre une baguette
et remonte avec son bâton
le long du tronc d'arbre
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
la mouche avec un regard ronflant
repose son nez sur un jet d'eau
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
la vache prend le chemin de parchemin
qui se perd dans un livre de chair
chaque poil de ce livre
pèse une livre
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
le serpent saute avec picotement et picotement
autour des cuvettes d'amour
remplies de cœurs percés de flèches
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
le papillon empaillé
devient un papapillon empapaillé
le papapillon empapaillé
devient un grandpapapillon grandempapaillé
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
le rossignol frère du sphinx
arrose des estomacs des cœurs des cerveaux des tripes
c'est-à-dire des lys des roses des œillets des lilas
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
la puce porte son pied droit
derrière son oreille gauche
et sa main gauche
dans sa main droite
et saute sur son pied gauche
par-dessus son oreille droite
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Une lune ivre de rêves
berce un rêveur ivre de lune
qui se demande:
Suis-je une lune ivre de rêves,
que bercent des aubes odorantes ?
Suis-je une lune ivre de rêves
qui se mire dans les yeux
d’un rêveur ivre de lune ?

Un rêveur ivre de lune
berce une lune ivre de rêves
qui se demande:
Suis-je un rêveur ivre de lune
que bercent des aubes odorantes ?
Suis-je un rêveur ivre de lune
qui se mire dans les yeux
d’une lune ivre de rêves ?

. . . car à quoi servent les garde-fous
quand des lunes et leurs rêves
ivres de bonheur
veulent se précipiter
la tête la première
dans la fleur infinie du rêve.
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Jean Arp
Si quelqu'un a des oreilles, qu'il voie, si quelqu'un a des yeux, qu'il entende.
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Un ange demande:
"Puis-je un jour
un bref instant
le temps d'une vie d'homme
prendre congé
du tohu-bohu céleste ?
J'aimerais bien
comme pauvre homme
adresser des poèmes à la lune."
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Bestiaire sans prénom


l'éléphant est amoureux du millimètre

l'escargot est fier
sous son chapeau d'or
son cuir est calme
avec un rire de flore
il porte son fusil de gélatine

l'aigle a des gestes de vide présumé
son pis est rempli d'éclairs

le lion porte une moustache
en pur gothique flamboyant
et des souliers pâles et purgés
comme un néo-soldat
après une défaite de lune

la langouste descend du mât
échange sa canne contre une baguette
et remonte avec son bâton
le long du tronc d'arbre

la mouche avec un regard ronflant
repose son nez sur un jet d'eau

la vache prend le chemin de parchemin
qui se perd dans un livre de chair
chaque poil de ce livre
pèse une livre

le serpent saute avec picotement et picotement
autour des cuvettes d'amour
remplies de cœurs percés de flèches

le papillon empaillé
devient un papapillon empapaillé
le papapillon empapaillé
devient un grandpapapillon grandempapaillé

le rossignol frère du sphinx
arrose des estomacs des cœurs des cerveaux des tripes
c'est-à-dire des lys des roses des œillets des lilas

la puce porte son pied droit
derrière son oreille gauche
et sa main gauche
dans sa main droite
et saute sur son pied gauche
par-dessus son oreille droite

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POUX FARDÉS



extrait 2

les danses psychiques font rougir les poux
les sous fardés transportent les initiales fardées
les voitures fardées transportent les bateaux parfumés
un pou aboie sur une étoile
dans les alliances circule du sang de ruminant
les étoiles aboient
les sous les bateaux et les voitures transportent les étoiles parfumées
      et fardées
les initiales rougissent
les étoiles et les orages dansent dans les belvédères parfumés
les sous rougissent
les ruminants dansent avec les étoiles d'ail
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LA PLAINE



Je me trouvais seul avec une chaise sur une plaine
qui se perdait dans un horizon vide.
La plaine était totalement asphaltée.
Rien mais alors rien du tout à part moi et la chaise se trouvaient sur elle.
Le ciel était continuellement bleu.
Aucun soleil ne l´animait.
Une lumière inexplicable et raisonnable illuminait la plaine infinie.
Ce jour éternel me paraissait
artificiellement projeté depuis une autre sphère.
Je n´avais jamais sommeil jamais faim jamais soif jamais chaud jamais froid.
Comme sur cette plaine il ne se passait rien et que rien ne changeait
le temps était un fantôme absurde.
Le temps vivait encore un peu en moi
et cela principalement à cause de la chaise.
Comme j´étais occupé avec elle je ne perdis pas
entièrement le sens du passé.
De temps en temps je m´étirais devant la chaise
comme si j´avais été un cheval
et allais au trot avec elle en cercle ou bien tout droit.
Est-ce que cela marcha je le suppose
si cela marcha je n´en sais rien
car il n´y avait rien autour
grâce auquel j´aurais pu contrôler mon mouvement.
Quand j´étais assis sur la chaise je me demandais l´air triste mais pas désespéré
pourquoi l´intérieur du monde irradiait une lumière noire pareille.
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CUIS MOI UN TONNERE



Arrose-moi la lune.
Brosse-moi les dents de mes échelles.
Transporte-moi dans ta valise de chair sur mon toit d'os.
Cuis-moi un tonnerre.
Enferme-moi les tremblements de terre dans une cage
et cueille-moi un bouquet d'éclairs.
Coupe-toi en deux et mange une de ces moitiés.
Ejacule-toi en l'air plus fier que les jets d'eaux de Versailles
Brûle-toi roule toi en boule.
Sois une boule au rire archaïque
qui roule autour d'une pilule.
Tire toutes tes langues aux roses.
Donne tes langues aux doux rhinocé-roses.
Rata-toi en ratatouille.
Grenouille-toi en grenouille.
Appose-toi en signature sous ma lettre.
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Place blanche


Extrait 5

J’ouvre les yeux.
Des crinières blanches s’envolent.
Des rêveurs qui se tiennent par la main comme des aveugles
traversent la place.
Le vent caresse les plantes apprivoisées.
Je ferme les yeux.
Il fait nuit.
Subitement dans la nuit je m’éveille.
Les oiseaux chantent.
Il fait jour.
Des montagnes liquides flottent par l’air.
J’ouvre les yeux et m’endors debout sur la place blanche.
L’ombelle des étoiles se couvre de lèvres.
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LES PIERRES DOMESTIQUES



extrait 3

quand les pieds dansent sur les têtes les ongles poussent
      aux pierres
les heures se grattent
bravo
les entrailles sont des racines
les pierres sont des têtes
la nature est exacte
les pieds qui dansent sur les branches de chair
ont un regard tourmenté
un regard d'entrailles d'heure
sur la place de la nature pousse un pied
bravo bravo bravo bravo
les oreilles les nez les bouches les têtes les pieds sont des pierres.
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BOUCHE GUEULE GORGE



La gueule de l’argent.
La gueule fermée d’un portail
où dans la nuit glacée un désespéré
en vain cogne et cogne.
L’étrange expression de la bouche
d’un homme nu et glabre en saumure.
La gueule d’une machine à figure humaine.
Comme il rit l’ovoïde lorsque soudain
d’innombrables dés tombent de sa gueule.
La bouche d’un chanteur
d’où montent des sons
qui s’épanouissent en une construction musicale
toute bruissante.
La bouche du conte
qui parle d’un vin d’or en carafes de cristal
qui transforme tous les buveurs en étoiles d’or.
La bouche à merveilles des saints et des poètes.
La gueule en lambeaux de l’épouvantail.
La bouche béante et tordue d’un affamé
à qui l’on ne sert que des zéros.
La gueule de la conque originelle.
Une bouche taillée dans le marbre où nichent les oiseaux.
La bouche du rêve.
La bouche enchantée de l’écho.
La gorge de l’éternité.
La bouche radieuse des anges.
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JOURS EFFEUILLÉS



Poupée
je suis une poupée.
Mais une âme
me viendrait bien à propos.
Pourquoi n'ai-je pas d'ailes?
N'y a -t-il personne
qui veut me donner au moins
une traîne d'argent?
Une traîne d'argent
un ruisseau qui murmure derrière moi.
Ma tête est en porcelaine.
Sur ma tête un chapeau en porcelaine
ne serait pas exagéré.
Oui, il serait aussi nécessaire
qu'une croix sur une cloche.
Je suis pauvre.
Je suis nue.
Et que ne m'a -t-on pas déjà promis!
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LES PIERRES DOMESTIQUES



extrait 1

les pierres sont des entrailles
bravo bravo
les pierres sont des troncs d'air
les pierres sont des branches d'eau
sur la pierre qui prend place de la bouche
pousse une arête
bravo
une voix de pierre
est tête à tête
et pied à pied
avec un regard de pierre les pierres sont tourmentées
      comme la chair
les pierres sont des nuages
car leur deuxième nature
danse sur leur troisième nez
bravo bravo
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ELÉMENTS



L’essentiel extrait 4

Je rêve du crâne volant,
de la porte du nombril et des deux oiseaux qui forment la porte,
d´une feuille qui se change en un torse,
de boules jaunes, de surfaces jaunes,
de temps jaune, vert, blanc,
de la montre essentielle sans aiguille ni cadran.
Je rêve de dedans et dehors, d´en haut et d´en bas, d´ici et là-bas,
      d´aujourd´hui et demain.
Et dedans, dehors, en haut, en bas, ici, là-bas, aujourd´hui, demain
      se mélangent, s´entremêlent, se dissolvent.
Cette abolition des frontières est le chemin qui mène à l´Essentiel.
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ELÉMENTS



L’essentiel extrait 3

En faisant un effort, je peux me souvenir de la différence
entre un palais et un nid.
Un nid et un palais ont la même splendeur.
Dans la fleur l´étoile rougit déjà.
Ce mélange, cet entremêlement, cette dissolution, cette abolition
      des frontières, c´est le chemin qui mène à l´Essentiel.
Comme les nuages les formes du monde tournent les unes dans
      les autres.
Plus elles s´unissent en profondeur,
plus elles sont proches de l´essence du monde.
Lorsque le corporel disparaît,
l´Essentiel resplendit.
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LA MESURE DE TOUTES CHOSES



extrait 2

De grand tailleur il est devenu confectionneur, et le magasin de confection est devenu une présentation des modèles de la folie. Désordre, confusion, inquiétude, non-sens, démence, mélancolie, démonomanie dominent le monde. Fœtus bicéphales et géométriques, corps humains à tête de champignon jaune, bâtards à forme d´éventail pourvu de trompe, estomacs qui ont des dents, yeux sans maître, gigantesques souris distinguées montées sur des béquilles, pyramides engraissées ou amaigries traînant les pieds et dont les yeux humains sont larmoyants, mottes de terre sexuées, et ainsi de suite, ainsi de suite sont nés sur la toile ou dans la pierre.
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LA MESURE DE TOUTES CHOSES



extrait 1

L´homme se comporte comme s´il avait créé le monde et comme s´il pouvait jouer avec lui. Presque au début de son glorieux développement il forgea cette phrase que l'homme est la mesure de toute chose. Là-dessus il se mit rapidement au travail, et renversa tout ce qu´il put dans le monde pour le mettre sens dessus dessous. La Vénus de Milo gît en morceaux sur le sol. Avec la mesure de toute chose, avec lui-même, il donné la mesure de la démesure. Il a taillé dans la beauté, et cet outrecuidant tailleur a gâché son ouvrage.
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Jean Arp
le papillon empaillé
devient un papapillon empapaillé
le papapillon empapaillé
devient un grandpapapillon grandempapaillé
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Jean Arp
La bataille d’Hastings faisait rage. M. Hastings lui-même commandait. Trois couches de cadavres jonchaient le sol. Entre chacune d’elles il y avait une couche de jambon.
[…]
Pendant ce temps, le petit caporal débarquait de l’île des Cygnes avec trois régiments de soldats pas encore inconnus.
[…]
Le canon tonnait, une pluie de balles depuis quarante jours et quarante nuits tombait
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Jean Arp
L’Alsace, comme son nom l’indique, est un pays appelé aux plus hautes destinées. C’est le pays le plus propre du monde : il change de chemise tous les trente ans
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