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Citation de melanief28


Un peintre ne retrouve le vrai sens du tableau, tant oublié aujourd’hui, qu’en ne refusant pas cette mêlée confuse, si impure et contradictoire qu’elle lui paraisse, en acceptant de ne pas connaître à l’avance le visage qui en surgira. En sachant qu’il n’y a pas de raccourcis ni d’évasion possibles. Il y apprend lentement, à travers les mille facettes d’une structure qui le fuit, le sens profond, secret, de la construction d’un tableau, et que le squelette se porte à l’intérieur.
Il faut l’infinie patience que conseille Rilke à ceux pour qui l’approche du réel est la meilleure chance, gagnée au jour le jour, de notre vie d’homme : le temps ne pardonnera pas à une peinture de « signes » trop hâtivement conclus. Le trait fulgurant d’Hokusaï à travers le profil d’une colline n’a pas de racines moins patientes que la lente découverte de Cézanne. L’archer zen, pendant de longues années, apprend à tendre son arc, à viser une cible qui lui semble d’abord être extérieure. C’est alors seulement, qu’oublieux d’un but, oublieux de soi, dépossédé, il parviendra à s’atteindre lui-même, il se confondra avec la cible.
Faire un tableau n’est ni faire une prise, ni faire une sortie. Et c’est bien la chasse qui est créatrice, mais à condition qu’un chemin déroutant, plein d’embûches, lui donne sa forme et sa direction : ce buisson qui nous faisait obstacle, c’est lui qui nous révélera à nous-mêmes. Le tableau, c’est cette longue marche du peintre jusqu’au plus touffu de notre vie aveugle, ce buisson de gestes obscurs à travers quoi nous nous efforçons de nous retrouver tout entier.
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