Clamart maitrisait parfaitement le mélange entre la fête puissance 12 et la misère puissance 15. Il savait très bien parler de la joie explosive d'un peuple qui en profitait, pendant quelques jours, pour oublier le reste, la dictature, la corruption, les pratiques mafieuses, quelquefois la guerre civile. C'est pourquoi c'était lui qu'on avait envoyé sur la côte filmer les chars fleuris et les gonzesses emplumées, alors qu'en secret il devait jeter les bases d'un futur reportage plus complexe, pour tenter de délimiter les liens entre les narcos, les FARC et le gouvernement, et explorer le devenir des anciens militants revenus à la vie civile.