Le coureur cycliste doit être d'une grande prudence. D'une grande prudence de l'âme. Il ne sait jamais à l'avance ce que sera une course. Ce qu'il connait : la fameuse douleur dans les jambes et dans la poitrine en feu, il tentera de le surmonter. Le coureur cycliste est fluide, fluet, diaphane ou alors noueux et tendu. Il semble jeune, timide, souvent renfermé. Il se protège derrière un mutisme essoufflé. Le coureur cycliste sait qu'il reste souvent un prolétaire respectant des règles précises, faisant confiance à son entreprise et roulant pour un patron. Mais le coureur cycliste peut être un révolutionnaire. A un moment donné, imparable, il peut s'opposer à la loi et tenter de renverser les valeurs de sa petite société.
Pédale, camarade, le vieux monde est derrière toi... Car, petit à petit, il y a le réel qui te rattrape avec son cortège de souffrance, de malheur, de petites mesquineries et de vraies embrouilles...