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Citation de Seraphita


Il s’en était passé des choses, à Chamarande, le jour où on avait failli me faire passer de vie à trépas. Notamment un article, chef-d’œuvre littéraire méconnu, tendance gâtinaise, qui m’a bien fait rigoler : une certaine Germaine Banneau s’était évanouie pendant la messe, on avait dû l’emmener d’urgence à l’hôpital de Dourdan. Elle était tombée de son prie-dieu avec, dans les mains, un gros morceau de viande saignante, un gîte « à la noix », précisait-on dans la dépêche, sans autres détails ni précisions. Cela n’avait pas trop étonné les fidèles, Germaine étant connue pour ses talents culinaires et son habitude de faire les courses au marché communal avant d’aller à l’église. La gendarmerie locale avait cependant ouvert une enquête, car, une demi-heure après cet événement, la petite maison de Germaine avait été détruite par un incendie. Signe du destin ? Hasard ? Cambrioleurs indélicats et cyniques ? Fer à repasser resté allumé ? Ou encore court-circuit dans une installation datant de l’invention de l’électricité ? Les pompiers avaient vite trouvé l’origine du sinistre : une cocotte-minute qui, en explosant, avait mis le feu par contamination aux rideaux et aux papiers peints.
Là, les esprits déductifs des gendarmes avaient fait merveille. Le capitaine Brechet avait eu l’illumination que, justement, Germaine recherchait depuis longtemps dans la petite église à chaque messe, à ces offices que pour rien au monde elle n’aurait manqués. Il avait supposé que la pauvre dame, un peu tourneboulée, avait confondu ses ingrédients principaux et plongé son gros missel relié cuir rouge dans la cocotte-minute, emportant donc le morceau de gîte à la messe. Au moment d’ouvrir son missel pour suivre les paroles de « In nomine Salvatoris Dei », elle avait peut-être vu, dans ses paumes, le cœur saignant de Notre Seigneur, ou bien, plus prosaïquement, elle s’était rendu compte de son erreur et avait supposé les dégâts que ça pouvait occasionner dans sa petite maison. Sous l’émotion, elle avait eu une attaque. (p. 60-62.)
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