SOIR À CARACAS
Un nuage mauve dans les tamarins
Qui replient leurs feuilles
Une maison née du dernier soleil
Les montagnes brunes se mêlent au ciel
Le chœur des insectes survit à tout
Les voitures chantent
Et s’en vont vers la mer
La solitude n’est pas ici
Elle m’attend sous un tilleul
Planté il y a vingt-sept ans en septembre
Au-delà du grand désert d’eau
Dans le pays où je caresse
La vie qui reste
LES PALAIS DES PLAISIRS…
Les palais les plaisirs des soirs d'ocre et de pluie
Les grands escaliers froids vers la nuit et l'amour
Les dédales blafards de mémoire et de pierre
De la place Navone au palais Taverna
Fleuve des morts le Tibre jaune
Mots murmurés avec les feuilles en allés
Château Saint-Ange un soir d'hiver
Roux et rose sous le ciel gris
D'UN JARDIN PERDU
Perles étangs et tourterelles
Transparence des larmes
Où git l'amère étoile
Il était un noyer dans une nuit cendrée
Les menthes ont chanté dans le jardin nocturne
Pivoines et pavots paradis taciturnes
V
Battent les veines
Battent les vents
Avec le temps
Le vin de Cana
Sent l'éternité
l'eucalyptus
Et l'anémone
Embaument les souvenirs
Imaginent le feu
Le grand été de Dieu
p.11
SI CETTE TERRE…
Si cette terre ne m'attendait
Sous les figuiers et les tilleuls
Si cette terre
De toute éternité
Ne m'attendait
C'est à Thuroe
Que j'aimerais dormir
Les lupins bleus brûlaient
Comme des lampes douces
Une espérance aux bras d'aurore
Une pluie qui noircit la braise
Lourde tendresse du matin
Le jour est là traînant ses peines
II
Une vigne rouge
Un mur de pierres sèches
Un figuier sans fruits
La tourterelle se plaint
L'air miroite comme l'eau
Au bord des collines bleues
Là-bas
Où se cache Sichem
Derrière le Garizim
De quelle ivresse
Tomberons-nous dans les épines
Au sommet du jour
Au faîte des siècles
Tandis que le cœur
Vide d'images
A soif
A soif
p.8
I
Pierres des collines de David
Vent gris
Arbres tordus
Lumière des ravins de Moab
Terre habitée d'ombres
De noms
De soleils éteints
Visage vers le ciel
Aux yeux fermés
p.7
IV
Saron
Oranges au soleil
Plaine bleue de l'amour
Vent
À jamais étranger
Si la nuit venait
Que serait-ce
Image perpétuée
Au songe de l'eau
p.10
III
Comme l'eau sur la mousse
Comme le sang des vignes
L'espérance anémone
Va sourdre sous les pierres
p.9