C’est dans cet orgueil même de la parole poétique que se situe la naïveté d’Éluard et que naissent ses aveuglements fidéistes. Il est prêt à croire que l’URSS est réellement le pays des travailleurs, que son bilan est globalement positif pour les peuples qui la composent ; prêt à accepter les sophismes qui le démontrent ; prêt à croire que les démocraties populaires sont des démocraties ; prêt à récuser comme scrupules de vieil individualiste ou à excuser comme bavures passagères tout ce qui, dans son expérience personnelle, pourrait plaider contre cette conviction ; prêt enfin à suspecter comme des calomniateurs ou des dupes ceux qui dénoncent l’impérialisme russe et le sanglant despotisme de Staline.