Jean-Charles Nault

Je reste assez perplexe après cette lecture !

Dans Wikipédia, on peut lire une définition :

L'acédie est un concept moral, religieux et psychologique. Elle signifie à l'origine un manque de soin. La notion fut ensuite christianisée pour désigner un manque de soin pour sa vie spirituelle. La conséquence de cette négligence est un mal de l'âme qui s'exprime par l'ennui, ainsi que le dégoût pour la prière, la pénitence et la lecture spirituelle. Quand l'acédie devient un état de l'âme qui entraîne une torpeur spirituelle et un repli sur soi, elle est une maladie spirituelle.

Jean-Charles Nault ne dit pas autre chose lorsqu'il fait le tour du concept d'acédie avec beaucoup de détails et de références. Il se réfère notamment à Evagre le Pontique et Saint-thomas d'Aquin qui ont les premiers christianisé ce concept antique. le moine, peut, à un moment de sa vie, douter de sa foi en Dieu et remettre en question son choix monastique. Les symptômes décrits peuvent aller jusqu'à un sentiment de perte de sens de sa vie, de se trouver face au néant.

Mais Jean-Charles Nault est Abbé de l'Abbaye de Saint-Wandrille en Normandie. Il présente donc une version « de l'intérieur » de ce phénomène, dans la droite ligne de la pensée de l'Église. A savoir que la perte de foi en Dieu devient un péché pour le moine qui en souffre. L'Église ne considère pas l'acédie comme une maladie spirituelle (selon la définition de Wikipédia) mais comme un vice, un péché. Une sorte de laisser-aller. Tout chrétien peut aussi manifester de l'acédie lorsqu'il doute de sa foi. Il devient donc coupable de son doute et c'est le Démon qui le détourne de Dieu. On retrouve là toute l'intransigeance du dogme catholique. Pas de place pour une réflexion en dehors de sa conception de Dieu !

D'ailleurs , l'auteur ne se prive pas de manifester son rejet de la science et de la loi étatique lorsqu'elles viennent s'opposer à la croyance divine et au dogme chrétien. Voir le passage notamment sur l'IVG pour laquelle il ne voit « aucune raison justifiable » (p 73).

Il présente bien sûr toute sorte de conseils pour remédier à l'acédie et retrouver le cours « normal » de sa vie religieuse (moine ou pas). La prière étant le maître mot face à une souffrance qui tient, à mon avis, plus d'une réflexion sur le sens de sa vie et de sa relation à Dieu que d'un réel manque de foi.

Bon, on aura compris que je n'ai que moyennement apprécié cet essai, qui aurait certainement gagné en profondeur à être présenté de manière plus "neutre", en dehors de tout jugement chrétien.

Quand Evagre le Pontique, moine et père du désert du 4ème siècle, et St Thomas d'Aquin, philosophe et théologien du 13ème siècle, nous parlent de l'acédie, c'est, ma foi, passionnant….

Ce mot tombé en désuétude n'est plus guère employé que dans la vie monastique; dégoût de l'action, tristesse face à ce qui devrait être notre plus grand bonheur (la participation à la vie de Dieu), l'acédie qualifiée bien souvent de manière réductrice de paresse ou de mélancolie, est pourtant bien d'actualité dans nos vies. C'est en tout cas, ce que s'emploie à expliquer Dom Jean-Charles Nault, abbé de l'abbaye de Saint-Wandrille dans ce traité de vie spirituelle.

Livre prêté par un ami que je remercie vivement !

Jean-Charles Nault, auteur par ailleurs d'une thèse sur ce sujet, met ici à la portée du plus grand nombre la question de l'acédie.

Redoutée par les moines, cette affection spirituelle de l'esprit, bien souvent confondue aujourd'hui avec la dépression, est fort bien connue des spirituels. L'auteur explique en quoi elle consiste, quels sont ses symptômes et comment la combattre.

Il fait ensuite un parcourt historique pour montrer comment elle a été présentée, puis oubliée au cours des siècles. Enfin, il démontre comment se manifeste cette maladie de l'âme aujourd'hui chez différents groupes de personnes.

Voici un livre excellent qui devrait passionner tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à l'âme humaine.