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Citation de jcfvc


jcfvc
18 février 2020
Lors d’incursions ultérieures dans des mechtas reculées, une fois qu’ils furent en confiance, il leur arriva même plusieurs fois de coucher chez l’habitant. Les gens insistaient pour les abriter dans leur gourbi. Ils se privaient eux-mêmes de leur lit pour l’offrir à leurs hôtes. Les vieux partageaient la pièce commune avec leur ribambelle d’enfants. Une fois les invités et leur marmaille à la blonde chevelure installés confortablement dans la chambre parentale, tous les membres de la « famille d’accueil », adultes et bambins confondus, dormaient dans ce qui leur tenait lieu de salon. Ils tombaient de sommeil les uns après les autres. L’écran de télévision, œil de cyclope inquisiteur, finissait par ne plus projeter aucune image. Il restait cependant allumé, pour continuer sans doute à veiller sur la santé idéologique de ces âmes, comme le ferait un Big Brother des temps nouveaux. Quelques « mousses » posées à même le sol pour la circonstance servaient de couches à ceux des gosses qui n’avaient pas trouvé place sur les matelas disposés habituellement autour de la pièce en guise de sofa ou de canapé. Les visiteurs pouvaient ainsi profiter tout à leur aise de l’alcôve nuptiale où cette nombreuse progéniture avait été conçue.
C’était comme si rien ne s’était passé vingt ans auparavant. On eût dit que les haines accumulées pendant des siècles et pendant la guerre de libération n’avaient pas laissé de trace dans le cœur des gens. Les rancœurs semblaient abolies par la fierté d’être enfin libres de décider soi-même de son destin. Et qu’importait si l’indépendance n’avait pas encore changé significativement la vie des populations rurales et citadines.
Ceux qui étaient invités, ces étrangers venus presque d’une autre planète, ne pouvaient s’empêcher de penser que tout restait à faire dans ce pays, que l’on était loin du compte... Ils ignoraient, eux, la capacité de ce peuple à tout pardonner à leurs dirigeants. Leurs héros et « chuhadas » avaient bouté les envahisseurs hors du sol natal. Cela leur suffisait pour absoudre les nouveaux maîtres de leur destinée. La vie de tous les jours leur semblait s’améliorer un peu. L’étrange petite lucarne chargée de veiller sur la pureté de leur foi en un avenir radieux leur promettait un futur désirable. Que demander de plus !
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