AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de jcfvc


jcfvc
18 février 2020
Pour s’évader de la laideur des cités, il y avait bien d’autres activités de plein air, comme la marche dans le parc du Gouraya, la montagne surplombant la ville, et les criques du cap Carbon. On y rencontrait des singes ainsi qu’une laie et ses marcassins. Cette principale attraction du lieu était offerte gratuitement avec, en prime, le paysage méditerranéen, splendide, inviolé presque. Au goût de Françoise et de son compagnon, seule manquait à ce tableau d’une pureté élégiaque, la présence de ruines semblables à celles de Tipasa. Bejaïa pouvait pourtant se flatter de posséder un recoin béni des dieux, en forme d’immense amphithéâtre de maquis et de rochers. Cette arène naturelle compensait l’insuffisance de vestiges antiques dans les parages. L’ostinato têtu, cristallin, scandé en chœur par les cigales, faisait entendre sa symphonie si caractéristique, écrite pour un orchestre composé exclusivement de milliers d’instruments de percussion minuscules, infimes. Les insectes étaient les véritables propriétaires du lieu, comme partout ailleurs autour de la Méditerranée. Comme ils l’avaient toujours fait, ils frottaient leurs mandibules à l’unisson pour créer cette vibration inimitable de l’air, ce patrimoine sonore que tous les peuples de cette mer intérieure se partagent depuis des siècles. Ici, bien plus tard dans l’année qu’en Provence, jusqu’aux portes de l’hiver, les grillons locaux rivalisaient de leurs trilles stridentes. Ils crissaient en chœur, animés par l’unique volonté de célébrer leur messe intemporelle, leur hymne à l’amour envers un paysage encore hanté par les dieux grecs et latins, ceci malgré l’absence de temples ou d’arcs de triomphe antiques sur ces pentes majestueuses.
Commenter  J’apprécie          10









{* *}