Je n'ai découvert Jean-Claude Gal que récemment avec ma lecture de "Diosamante", lecture dans laquelle je m'étais lancée avant tout pour le scénariste, Jodorowxy. Le dessin m'avait plu mais sans m'emballer plus que ça, je l'avais trouvé un peu impersonnel et pas tout à fait à la hauteur de ses influences (Druillet notamment). Ceci dit, j'avais eu envie de me pencher d'avantage sur son travail, d'autant plus que "Diosamante" n'est pas le plus réputé de ses ouvrages. En voyant que ma bibliothèque avait en rayon "épopées fantastiques", j'ai sauté sur l'occasion, et avec encore plus d'enthousiasme en voyant que le scénariste n'est autre que Jean-Pierre Dionnet. De Dionnet, je connais principalement la facette du cinéphile enthousiaste et érudit (que j'apprécie énormément) et ça faisait bien longtemps que je voulais découvrir son travail en tant que scénariste de B.D. Une autre raison de lire ces "épopées fantastiques" donc... J'ai passé un excellent moment de lecture.
J'ai été ici complètement séduite par le trait de Gal, à qui le noir et blanc sied à merveille. Le trait est fin et les cases fourmillent de détails tout en étant totalement lisibles. La mise en page et le découpage sont dynamiques. Les décors sont simplement magnifiques, que ce soient les grandes étendues sauvages ou les cités.
Cette intégrale commence avec l'histoire courte "la cathédrale" qui est assez différente des autres histoires du recueil (et plus tardive). D'ailleurs, ce n'est pas Dionnet mais Bill Mantlo qui signe le scénario. Cette histoire permet d'admirer des planches magnifiques représentant une magistrale cathédrale gothique flottante. Certaines cases sont vertigineuses. L'intrigue est efficace et bien menée.
"Les armées du conquérant" regroupe plusieurs histoires courtes indépendantes mais qui évoquent toutes une invasion initiée par le conquérant du titre mais qu'on ne verra jamais. L'ambiance fantasy antique de ces récits est très réussie.
Puis vient le diptyque constitué par "la vengeance d'Arn" et "le triomphe d'Arn" qui est selon moi ce qui peut se faire de mieux en matière d'heroïc-fantasy. Il y a du Conan là-dedans, et pour moi c'est un énorme compliment. Quel dommage que Gal n'ait pas eu l'occasion de prendre la suite de Buscema sur le comics Conan comme cela lui a été un moment proposé... Je pense que ça aurait été énorme. Dans Arn sont regroupés plein d'ingrédients qu'on trouve dans le Conan de Howard : un héros violent mais un brin mélancolique, un tyran cruel, une ambiance fantasy orientalisante, des combats épiques, des décors variés, des peuples et cultures qu'on rencontre au gré du récit...
Les esprits chagrins se plaindront du classicisme de l’œuvre de Gal et Dionnet, arguant qu'une histoire d'orphelin vengeur c'est du déjà vu. Et bien moi, c'est aussi ce classicisme qui me plait, qui fait que "Arn" n'a pas pris une ride.
Tout simplement un sommet de la fantasy dessinée !
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Bon sang, la super classe ce dessin !
« La Vengeance d’Arn » est le deuxième tome des Épopées Fantastiques, de l’enfant du Rock Jean-Pierre Dionnet et du regretté Jean-Claude Gal. Après les courts récits du premier tome on passe à une histoire complète : Enfant d’une tribu barbare, Arn est vendu par Carac au maître de la ville d’Atalis où il grandit en esclavage, cultivant sa haine. Un jour il s’évadera et prendra sa revanche sur Carac et unira les tribus contre Atalis.
Le récit est simple, de même que les dialogues. L’histoire n’est que la frise de cet album qui mérite d’exister avant tout pour ces dessins qui mériteraient une exposition au Louvre. Je suis resté baba, en arrêt devant la complexité des uniformes et des tenues, devant Atalis, cette ville incroyable ancrée dans un paysage de rocaille, devant l’incroyable cité enfouie et son armée de terre. Gal joue avec ses pages, se permet des vues plongeantes qui donnent le vertige, place une image sur deux pages sur laquelle il fait passer l’action sur de petites cases. Gal est, était, un pur génie.
Comme exemple, je vous encourage à aller à cette adresse sur internet : C’est le genre de merveille que nous offre l’album.
http://surfingthekaliyuga.tumblr.com/image/109018101507
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J'ai lu la version colorisée de 2013. Si j'avais su que l'oeuvre datait de 1977, je ne l'aurais sans doute pas choisie tant je suis allergique à une certaine forme de bd. En l'espèce, on est à mi-chemin entre Thorgal ou plutôt Conan le Barbare et certaines oeuvres contemplatives de Moebius à ses débuts.
Je dois bien avouer que le dessin est magnifique car les détails des décors peuvent surprendre par leur richesse. C'est franchement beau. La colorisation n'a rien gâché à l'ensemble bien au contraire.
Après, on aura droit à un scénario assez naïf assez caractéristique de cette époque. Il faut accepter la faiblesse du scénario pour pleinement apprécier l'oeuvre.
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Entre Alexandre le Grand, Conan le Barbare, cette bande dessinée nous embarque dans un monde ancien, magique, de guerres, de vengeances, de violence, de massacres, présenté par un graphisme baroque, grandiose et kitsch. Je trouve cette bande dessinée très réussie dans son genre, le graphisme est en parfaite adéquation avec l’histoire, mais je dois avouer que c’est un genre que je n’affectionne pas spécialement, c’est juste un récit de guerre avec en arrière plan des histoires de vengeance et de destin, les caractères des personnages sont plutôt stéréotypés et l’histoire se lit comme un simple récit historique ne s’attardant que sur des faits qui se succèdent. Je l’ai lu quand même avec un réel plaisir, mais plus comme un livre d’images, plus attiré par les détails des armures, des architectures que par le récit lui-même.
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Autant le dessin impressionne, autant le scénario déçoit. Sur un canevas très classique, Dionnet conte l'histroired'une vengeance dans une monde de Fantasy barbaresque. L'imaginaire de Robert E Howard n'est pas loin. Mais la narration est bancale, parfois lourde. Souvent ennuyeuse. Il reste donc le dessin de Gal: grandiose. Les cadrages sont incroyables, osant les pespectives les plus folles, des contre-plongées à couper le souffle. Les décors regorgent de détails. Il est juste dommage que la technique sans faille de Gal soit parfois plombée par un manque de dynamisme. Ses personnages sont souvent statiques, trop raides pour qu'on passe de l'admiration devant des décors magnifiques mal habités par des corps trop lourds au "wouah" extatique.
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