AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4/5 (sur 2 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Écrivain ayant principalement pour thème :
la Camargue (les chevaux, les taureaux, l'étang du Vaccarès, la faune et la flore de la Camargue)
Autres livres du même auteur :
- Le cheval dans l'Arène
- Par le fer et l'éperon


Ajouter des informations
Bibliographie de Jean-Claude Girard   (1)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La traversée de la ville d'Arles se fit par les bords du Rhône où la circulation automobile était moins dense. Après avoir longé les quais de pierre du grand fleuve qui courait en tourbillon boueux, ils passèrent sur l'ancien pont pour arriver dans le quartier de Trinquetaille qui se trouve sur l'autre rive. Dès qu'ils furent sur la route des Saintes-Maries-de-la-Mer, l'oncle mit la jument au petit trot et bientôt les dernières maisons s'estompèrent pour laisser place à des mas entourés de vignobles épais.
Au fur et à mesure qu'ils pénétraient la Camargue profonde, le paysage doucement se transformait, ce fut d'abord des rizières bordées de leurs talus de terre afin de retenir l'eau, puis des terres incultes où poussaient par-ci par-là des salicornes sur des îlots d'herbe rare et disséminée que broutaient de noirs taureaux aux cornes en forme de lyre suivis par quelques juments blanches de race Camargue reconnaissables et caractéristiques de leur appartenance.
Ils traversèrent des terres à moitié inondées et n'atteignirent l'étang du Vaccarès qu'à la tombée de la nuit. Depuis pas mal de temps déjà la route goudronnée avait fait place à des chemins empierrés ; pas une parole n'avait été échangée depuis le départ, seuls les sabots de la jument claquaient monotones de leur trot régulier sur les pierres de la draille.
La jeune fille ne pouvait détacher son regard admiratif du paysage sauvage et féerique à qui le coucher du soleil donnait des couleurs mauves et rouges, embrasant le ciel à l'horizon qui, se confondant avec l'eau du grand étang, semblait ne jamais finir sinon vers cette boule de feu se noyant à l'autre bout de la terre en des lieux si lointains et si proches à la fois.
L'attelage prit un chemin plus étroit, soudain la jument se mit d'elle-même au pas, tout un troupeau de taureaux de combat encombrait la draille broutant l'herbe rare qui bordait le chemin, les longues cornes sombres portées droites et basses au contraire de celles des taureaux de race Camargue qui sont hautes en forme de lyre, allaient jusqu'à effleurer les flancs de la jument. Quelques-uns, les plus gros, levèrent leurs énormes mufles en direction des passagers de la charrette, meuglant sourdement auxquels l'homme répondit par un sifflement modulé entre ses lèvres, on aurait dit qu'une conversation s'établissait, qu'il y avait questions et réponses. La jeune fille, plus surprise qu'effrayée, sentait au plus profond d'elle-même qu'elle courait aucun danger. Les terribles taureaux étaient là, bien sûr, prêts à les toucher, mais rien d'agressif dans leur comportement étrange, elle sentait bien par les meuglements que cela ressemblait plus à un dialogue entre des êtres qui se comprennent, se saluent ou communiquent des nouvelles, avec les très grands surtout, ceux dont les cornes étaient épaisses, longues et pointues comme des sabres, l'un d'eux, impressionnant de puissance, leva son énorme tête vers Vivette, plongea son regard noir un instant dans le sien, elle remarqua entre les yeux de ce jeune mâle des poils blancs formant comme une virgule, d'ailleurs l'oncle l'interpela avec arrogance :
- Hé là ! Virgulo, Matcho, bravo !
Vivette sentit de la fierté dans la voix de son oncle qui s'adressait au taurillon. Celui-ci répondit en soufflant bruyamment des deux naseaux comme pour relever un défi. Là elle eut peur, sentit le froid du danger envahir sa chair malgré la douceur de cette soirée. Cette sensation désagréable dura jusqu'à ce qu'ils furent passés loin du troupeau.
Commenter  J’apprécie          00
Le Bayle observait le jeune veau qui maintenant gambadait autour de sa mère et interpela son aide qui s'approcha :
- As-tu remarqué, lui dit-il, cette touffe de poils blancs qu'il a entre ses yeux, juste au-dessous de son frontal ?
- Ah oui, découvrit le gardian, je ne l'avais pas remarqué, c'est dommage, cela est disgracieux !
- Pourquoi ? s'étonna le bayle, au contraire, nous le reconnaîtrons de loin, appelons-le ''Virgulo'' ! ...
- J'inscris le nom, Mestre, V.I.R.G.U.L.O.
Dans la manade de la Comtesse de Mornès les noms donnés aux taureaux de combat finissaient toujours par ''O'', comme en ''A'' pour les femelles, sans doute à cause de leurs origines ibériques, bien que cela fasse plus de cent cinquante ans qu'à Mornès on élevât des taureaux de combat.
Les deux cavaliers s'éloignèrent de la vache et de son veau pour reprendre leur chevauchée d'inspection, repérant de-ci de-là les naissances qui, cette nuit, avaient eu lieu au sein de la manade dont ils avaient la garde.
Le printemps était là, la flore s'épanouissait, la faune naissait, les premiers moustiques vrombirent aux oreilles des deux cavaliers qui respirant à pleins poumons imprégnaient leur sang du renouveau naturel, la terre de Camargue était en ébullition donnant le cycle normal du recommencement à jamais ininterrompu, malgré tout.
Commenter  J’apprécie          00
- Vous aimez les taureaux ? Sa question lui parut subitement idiote.
Il répondit en regardant profondément la jeune fille dans les yeux :
- Je n'aime qu'eux !
Elle s'encouragea, ouvrit la conversation :
- Je n'ai jamais vu de corrida.
- Comment trouvez-vous les taureaux, Mademoiselle ?
Le ''Mademoiselle'' la troubla, jamais on ne l'avait appelée comme ça avec tant de respect et de douceur. Elle s'entendit répondre :
- Je les trouve magnifiques.
- Alors vous aimerez la corrida.
- Peut-on aimer la mise à mort ?
Il resta quelques secondes silencieux avant de répondre avec douceur :
- C'est indispensable, Mademoiselle, pour qu'ils vivent.
- Je ne comprends pas !
- Après la tienta, si vous le permettez, je vous expliquerai.
- La tienta ?
- La tienta est une épreuve de courage pour sélectionner les futurs étalons ou les futures vaches d'où naîtront les taureaux de combat, eux seuls auront droit de mourir libre et sans chaîne, en plein soleil, en défendant leur vie plutôt que par un boucher qui les entrave dans un couloir sombre et qui ont été émasculés alors qu'ils n'étaient que des veaux !
Commenter  J’apprécie          00
Bientôt la jardinière attelée cahota à nouveau sur le chemin de terre que bordait un pâturage entouré de fil de fer barbelé où parqués à l'intérieur, les jeunes taureaux de trois ans paissaient débonnaires et tranquilles. Quelques-uns même étaient couchés et ruminaient, au contraire des taureaux de race Camargue, ils avaient les cornes basses pointées droit devant eux, leur cou était épais surmonté d'une proéminence musculaire : dans leurs yeux sombres passaient des lueurs farouches et sauvages. L'un d'eux voyant la jardinière un peu trop près de lui leva la tête par à coups saccadés, comme pour demander quelque chose ou pour défier. Dans le soleil, leurs muscles saillants sous le poil ras et sombre faisaient des reflets d'ambre.
Commenter  J’apprécie          00
Il y a deux sortes de personnes qui viennent voir les corridas chez les connaisseurs, les aficionados, comme on les appelle. Les toristes sont ceux qui aiment les taureaux durs, c'est-à-dire plus braves que nobles et les toreristes qui aiment l'art, les belles passes lentes et profondes, c'est-à-dire qu'ils préfèrent les toreros au 'jeu' parfait ; pour ce faire, il faut que le taureau soit noble à la charge droite, sans vices, où l'on peut vraiment s'exprimer. Dans sa pertinente réponse, Monsieur Mathieu voulait dire que ce novillo était trop noble et qu'à son goût il manquait de bravoure.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean-Claude Girard (2)Voir plus

Quiz Voir plus

Stefan Zweig ou Thomas Mann

La Confusion des sentiments ?

Stefan Zweig
Thomas Mann

10 questions
33 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}